Championnats du Monde

Antholz – Bilan : Deux reines et plusieurs rois

Marte Olsbu Roieseland et Dorothea Wierer ont régné sur ces mondiaux quand les titres ont été partagés chez les hommes. La Norvège remporte le classement des médailles mais les Bleus ne sont pas en reste. C’est l’heure du bilan…

La bataille des deux reines

Forcément, avec cinq titres et sept médailles, nouveau record sur un seul Championnat du Monde, Marte Olsbu Roieseland est la grande dame de ces mondiaux italiens. La Norvégienne, qui avait fait l’impasse sur l’étape du Grand Bornand fin décembre, n’a pas quitté les podiums d’Antholz. Seule ou accompagnée, elle a conclu son chef d’œuvre par un dernier titre individuel (elle n’en avait remporté aucun avant Antholz) sur la mass start où elle a réalisé une remontée extraordinaire pour croquer sa rivale italienne dans le dernier tour et définitivement asseoir sa suprématie mondiale.

Moins aidée par ses compatriotes sur les relais qu’Olsbu, Dorothea Wierer ne doit son palmarès final (quatre médailles) quasi uniquement qu’à elle même (hormis l’argent en relais mixte). L’italienne a régalé son public toute la semaine, ramassant au passage deux titres mondiaux (la poursuite et l’individuel). Wierer n’aura donc pas loupé « ses » Championnats du Monde à domicile et ressort même de cette compétition avec un dossard jaune encore plus ancré sur ses épaules que jamais.

© IBU

En effet, en plus de ses bons résultats, l’italienne a pu compter sur un gros loupé de sa principale rivale pour le classement général, Tiril Eckhoff. Hormis en relais, la norvégienne est passée à côté de ces mondiaux. Trop de fautes derrière la carabine, aucun podium individuel et au final plus de 100 points de retard pour Eckhoff. Elle est même dépassée de quelques points par Hanna Oeberg qui n’a pas non plus particulièrement brillé. Bref, une très belle séquence italienne pour D’Oro.

Les hommes se partagent les titres

Quatre disciplines individuelles, quatre vainqueurs différents : le sprint pour Alexander Loginov, la poursuite pour Émilien Jacquelin, l’individuel pour Martin Fourcade et la mass start pour Johannes Boe. Ces messieurs avaient le sens du partage lors de ces mondiaux. On pouvait s’attendre à un duel au sommet entre Martin Fourcade et Johannes Boe, ils ont dû laisser un peu de place à d’autres biathlètes et pas forcément ceux que l’on attendait.

Forcément Alexander Loginov, par sa belle saison passée et sa régularité cette année pouvait prétendre à une médaille, mais pas grand monde ne le voyait Champion du Monde. Pourtant le russe a déjoué les pronostics pour s’imposer sur le sprint mais pas les polémiques. Suspendu en 2014 pour dopage et de nouveau perquisitionné dans sa chambre d’hôtel le matin du relais hommes, il laisse derrière lui de nombreuses incertitudes sur ses résultats. Émilien Jacquelin est lui, loin de toutes ses polémiques. Le Français repart même avec quatre médailles mondiales dont un titre sur la poursuite, conquis de haute lutte au détriment de Johannes Boe, qui se consolera avec la mass start, deux autres titres en relais (mixte, mixte simple), mais aussi un rapproché au général sur Martin Fourcade.

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Le Champion du Monde de l’individuel (11ème titre mondial, record de Bjoerndalen égalé) peut se satisfaire de ces mondiaux d’Antholz. Outre ce titre, le Catalan est aussi allé chercher le bronze sur le sprint et bien sûr l’or mondial avec ses compatriotes sur le relais. Seul bémol, et il est de taille, sa septième place sur la mass start, quand son rival norvégien s’imposait, réduisant son avance au général sur le « Norsk » (plus que 38 points sur le classement réel) mais aussi sur Quentin Fillon Maillet. Une pointe d’amertume donc pour le quintuple champion olympique au milieu d’une quinzaine historique pour les Français…

Les Bleus : des garçons historiques, des filles dans le dur

Six médailles individuelles sur douze possibles, trois titres mondiaux sur cinq mis en jeu et trois athlètes différents médaillés sur ces courses individuelles. C’est tout simplement des Championnats du Monde historiques pour les messieurs tricolores. La grande différence ? Là où Raphaël Poirée avait dominé les mondiaux d’Oberhof en 2004 (3 titres 5 médailles) et Martin Fourcade ceux d’Oslo en 2017 (3 titres individuels 4 médailles), c’est toute une équipe qui est allée remplir le tableau des médailles.

Bien sûr il y aura eu le chef d’œuvre collectif du relais, un titre mondial qui échappait aux bleus depuis 19 ans (2001), mais chaque course individuelle a vu au moins un Bleu monter sur le podium. Au final, hormis le couronnement du relais, on retiendra l’or (individuel) et le bronze (sprint) pour Martin Fourcade, l’argent (sprint et mass start) pour Quentin Fillon Maillet et l’or (poursuite) et le bronze (mass start et relais mixte simple) pour Émilien Jacquelin. Tout simplement phénoménal !

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Cet état de grâce, les Françaises en sont à des années lumières à la sortie des dix jours de compétitions italiennes. Peu inspirées sur quasiment l’ensemble des courses, il faudra attendre la dernière course (mass start) pour voir apparaître une première tricolore dans le top 8 (Julia Simon 5ème). La faillite collective des Bleues aura été symbolisée par le relais dames où avec pas moins de 19 fautes au tir, elles termineront à la 14ème place, soit le pire résultat bleu de l’histoire dans cette discipline. Seule consolation, la médaille de bronze sur le relais mixte simple obtenue par Anaïs Bescond avec Émilien Jacquelin. Des Mondiaux à vite oublier donc pour les Françaises et une remobilisation générale nécessaire pour terminer la saison.

Retour sur le duel France-Norvège attendu

Tant évoqué depuis le début de la saison et en prévision des mondiaux, le duel franco-norvégien ne pouvait pas ne pas être évoqué brièvement ici. Passons vite sur la compétition féminine où les norvégiennes l’emportent haut la main face à des françaises passées à côté de leur sujet. Chez les hommes en revanche, la lutte a été féroce même si elle s’est résumée à un duel entre Johannes Boe et les Français. Abandonné sur les podiums individuels par ses compatriotes, le jeune papa a tenu la dragée haute aux Bleus même si ces derniers ont remporté au final trois titres (dont le relais hommes) et six médailles individuelles contre trois (pour un titre) au cadet des frères Boe.

Les Français relèvent donc la barre même si au tableau des médailles, en ajoutant également les courses mixtes, les Norvégiens l’emportent avec six titres (onze médailles) contre trois (huit médailles) pour les Bleus. Les médailles ramenées par les biathlètes norvégiennes auront donc peser lourd dans la balance pour ce duel entre les deux nations qui dominent le biathlon mondial actuellement, et qui s’annonce encore passionnant dans les années à venir quand on voit la densité d’athlètes de haut niveau qui compose les deux sélections rivales.

La déclaration des Mondiaux

Pas le titre qui me manquait, le titre qui nous manquait…

Martin Fourcade après la victoire des bleus sur le relais hommes
Et à part ça ?

Bien sûr, ces compétitions sont remplies de moments d’émotions, mais un côté un peu chauvin assumé et ce sont les larmes de Martin Fourcade, après le relais hommes, qui ont été retenues pour illustrer cette chronique :

Source : La Chaîne l’Équipe

À événement exceptionnel, bilan exceptionnel avec un deuxième « à part ça » en bonus. Grande biathlète de ces mondiaux, Dorothea Wierer a régalé son public lors du relais dames avec un tir debout en six secondes (19 secondes pour le passage total) ! Lucky Luke n’a qu’a bien se tenir !

Et maintenant ?

Les mondiaux à peine terminés qu’il faut déjà se tourner vers la suite de la Coupe du Monde. Après quelques jours de relâche et de récupération bien mérités, les biathlètes s’envoleront vers la République Tchèque et le stade bouillant de Nove Mesto où ces dames débuteront le jeudi 5 mars par un sprint. Même chose pour les hommes le lendemain. A très vite les champions !

Crédit photo : IBU