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Océane Michelon : “J’ai le couteau entre les dents”

Sa dernière saison, sa préparation, l’hiver à venir et ses engagements : la Savoyarde Océane Michelon fait le point à un mois de l’ouverture de l’hiver.

Bonjour Océane. Avant de se projeter sur la prochaine saison, quel bilan fais-tu du dernier hiver ?

“Une saison un peu en deux temps et en dents de scie. Il y a eu des très belles choses, avec notamment une victoire sur la Junior Cup, ma première victoire internationale. Il y a également eu beaucoup d’apprentissages. Ça a été un peu plus compliqué dans le sens où j’ai eu quelques petits pépins de santé et j’ai peut-être eu un peu de mal à gérer la pression que je me suis mise avec la saison précédente qui avait été très réussie. Ça ne m’a pas permis d’être à mon meilleur, je n’ai pas pu profiter de ce que je faisais. Sur le moment ce n’était pas facile mais maintenant j’en récolte les fruits. Je pense avoir beaucoup appris et c’est important à nos âges d’avoir des saisons un peu plus difficiles.”

Oceane Michelon (FRA) © Manzoni/NordicFocus

Est-ce que ta tendinite au bras droit en début de saison a eu un impact sur tes résultats et ton niveau à ski ?

“Pas spécialement. C’est sûr que ce n’était pas la meilleure manière d’entamer la saison. Les deux premières courses à un bâton ne m’ont pas lancée dans les meilleures dispositions et ça m’a même un peu entamée. Mais c’est un détail parmi le reste. J’ai eu des soucis cardiaques. Ça a commencé en octobre 2021, et par la suite, j’ai continué à en avoir. C’est ça qui m’a le plus embêtée.

Je faisais de la tachycardie à l’effort. J’ai eu une première crise en octobre 2021 lors du Summer Tour d’Arçon. Et après ça s’est répété quelques fois. Ça m’a pas mal gênée mais maintenant c’est guéri. En avril, j’ai eu une intervention chirurgicale très très douce pour régler ce problème.”

Il faut réussi à se former dans l’échec.

Océane Michelon

Ta non sélection pour les mondiaux juniors en fin d’hiver a été ta plus grande déception ?

“Je ne peux que m’en prendre à moi ! J’ai fait n’importe quoi, je me suis laissée prendre par la panique. Mon stress me paralyse un petit peu . J’étais un peu perdue l’hiver dernier par rapport à toutes mes attentes et ce qui se passait réellement. Mais au final, c’est peut-être un mal pour un bien de ne pas être allée à ces Mondiaux juniors. Je n’étais pas dans la bonne dynamique et je ne pense pas que ça aurait fait des choses glorieuses. Il valait mieux prendre mon temps et passer à autre chose que de forcer trop sur quelque chose qui ne fonctionnait pas. Et les filles s’en sont bien sorties. Sur le moment ce n’était pas facile, surtout que c’était l’objectif de l’hiver. Mais c’est formateur. Il faut réussi à se former dans l’échec.”

Oceane Michelon (FRA) © Authamayou/NordicFocus

Comment se passe la préparation au sein du groupe relève (B) ?

“La préparation se passe au top. Ça faisait longtemps que je n’avais pas eu des sensations comme ça. Suite à l’hiver dernier et à mon opération j’avais pas mal d’appréhension à reprendre l’entraînement. Mais il n’y a eu aucun problème. C’est top et on a une super équipe. Il y a un niveau de dingue chez les filles et on s’entend toutes super bien donc ça aide énormément. On s’éclate, on déconne beaucoup et quand il y a une bonne ambiance de groupe comme ça, ça facilite les séances d’entrainement. Il y a Camille Bened, notre « petite mamie » comme on l’appelle (rire, ndlr), sinon on est à peu près toutes de la même année et ça fait longtemps qu’on est ensemble.”

As-tu ciblé des choses à travailler spécifiquement avec tes coachs Julien Robert et Baptiste Desthieux ?

“Je voulais particulièrement reprendre confiance en la discipline. Le dernier hiver avait laissé des traces et je me remets beaucoup en question. Mon souhait était de retrouver du plaisir, reprendre le biathlon à son échelle, juste du ski et du tir. Sur le physique, j’ai voulu travailler principalement sur le fait de m’écouter. Pas forcément dans les aspects techniques mais plus apprendre à me connaître, être à l’écoute. J’ai travaillé ça avec Baptiste, avec beaucoup d’échanges.

Oceane Michelon (FRA) © Manzoni/NordicFocus

Pour le tir, je voulais retrouver le « feeling ». Je suis quelqu’un d’un peu trop procédurière sur certains points. J’avais trop d’aspects importants dans mon tir qui faisaient que je me perdais. Le but était donc de synthétiser le tir, de prendre trois points de repères maximum et de répéter cela. Ça commence à faire son petit bout de chemin, j’ai mes repères qui sont solides actuellement. C’est une bonne base de travail, je suis bien contente de tout ça.”

Je vais continuer de mettre en place ce que j’ai travaillé, continuer de valider les choses, de pouvoir vérifier ce qui fonctionne ou ce qui ne fonctionne pas pour me perfectionner jusqu’aux sélections de Bessans.

Océane Michelon

Mi-septembre, tu as pris part à la première étape du Summer Tour à La Féclaz. Un week-end de compétition qui s’est bien passé puisque tu as terminé deuxième de la poursuite derrière Lou Jeanmonnot. Était-ce une surprise ?

“Surprise oui parce qu’on sortait d’un stage assez conséquent avant ce week-end à La Féclaz. On avait fait un gros bloc de travail avec de la Vo2 max, on a bien tapé dans la machine. J’étais donc surprise et contente que ça réponde aussi bien après ce stage. Je m’attendais à plus de fatigue, j’étais quand même fatiguée, mais je m’attendais à moins bien le vivre. On avait tellement bien travaillé les points techniques sur le stage que je suis restée dans cette dynamique, à rester dans la démarche du travail, sans trop chercher et finalement c’est venu tout seul (la deuxième place sur la poursuite, ndlr).”

Oceane Michelon (FRA) © Manzoni/NordicFocus

Est-ce que le Summer Tour est un rendez-vous important dans ta préparation ?

“Oui c’est important puisque ce sont les derniers dossards avant l’hiver. Ce sont de bons points de repères pour valider ce qui a été travaillé et pour s’ouvrir de nouvelles pistes de travail. En plus c’était à la maison (La Féclaz, ndlr), donc c’était un petit stress en plus. Et ce sont les seules courses qu’on fait en ski-roues, ce que j’apprécie.”

Dans quel état d’esprit arrives-tu pour ce deuxième week-end du Summer Tour à Arçon ?

“Évidemment j’aimerais bien monter sur le podium car c’est hyper intéressant mais je veux surtout continuer le boulot et intégrer ça avec le dossard. Ce n’est pas pareil les intensités qu’on fait en stage que de porter vraiment un dossard en compétition. C’est un peu de ça que j’ai envie de m’imprégner. De l’esprit de compétition qui va arriver très vite après le Summer Tour. Je vais continuer de mettre en place ce que j’ai travaillé, continuer de valider les choses, de pouvoir vérifier ce qui fonctionne ou ce qui ne fonctionne pas pour me perfectionner jusqu’aux sélections de Bessans. Le résultat viendra de lui-même. J’ai juste envie de bien faire le boulot et passer la ligne d’arrivée en me disant que j’ai mis tout ce que j’avais à mettre en place et d’être fière de ce que j’ai fait.”

Oceane Michelon (FRA) © Manzoni/NordicFocus

Le prochain hiver arrive à grands pas à présent. Arrives-tu à te projeter ?

“J’y arrive dans le sens où je sais ce que je voudrais atteindre. J’aimerais bien faire de belles sélections à Bessans pour commencer le début de saison en Scandinavie, sur le circuit IBU Cup. C’est vraiment le « cut » que j’aimerais passer dès novembre. Après je sais que si je planifie trop, j’ai vite tendance à me brider et à me monter le bourrichon. Ça ne permet pas d’être performante comme je le souhaite et d’être optimale dans ce que je veux mettre en place. Mon stress prend encore un peu trop le dessus. J’ai vraiment hâte d’y être. C’est l’une des premières saisons où j’ai vraiment hâte de remettre les skis. J’ai le couteau entre les dents.”

Ça nous a vraiment touchés. Ça te remet les pieds sur terre et ça te fait prendre du recul.

Océane Michelon

Durant cette intersaison, tu as rejoint une association qui lutte contre la mucoviscidose. Peux-tu nous en parler ?

“Ce printemps on a été sollicités avec Paco Rassat (skieur alpin, ndlr) pour rejoindre l’association « Vaincre la Mucoviscidose » et plus précisément « Petit Bonhomme de Sel » qui soutient Valentin, âgé de 4 ans, un cousin éloigné, et qui est atteint de la mucoviscidose. Le 21 septembre dernier a été organisé (à La Motte-en-Bauges, ndlr) « La Virade de l’espoir ». C’est un évènement national qui consiste à rassembler un maximum de monde pour donner du souffle à ceux qui en manque. C’est une journée conviviale avec des courses pédestres et plein de stands, ce qui permet de récolter de l’argent pour faire avancer les recherches scientifiques et les aider à améliorer leurs conditions de vie. En Savoie et en Haute-Savoie, une personne sur vingt porte un gêne de la mucoviscidose.  

Valentin dans les bras d’Océane Michelon. © Océane Michelon

Quand on a été sollicités avec Paco, nous n’avons pas hésité une seule seconde de pouvoir aider à notre manière. C’est un combat au quotidien. C’est un petit bonhomme bien solide donc si on pouvait lui apporter le maximum d’aide et le soutenir, c’était évident. Ça nous a vraiment touchés. Ça te remet les pieds sur terre et ça te fait prendre du recul.”

Vaincre la Mucoviscidose

Crédit photo : Manzoni/NordicFocus