Invité à répondre à plusieurs questions d’abonnés de l’Équipe, Émilien Jacquelin est notamment revenu sur sa fin de saison prématurée.
Un “break” pour mieux repartir
Il y a plus de deux semaines à présent, la saison 2022-2023 prenait fin du côté d’Holmenkollen. Des finales disputées en Norvège sans la présence d’Émilien Jacquelin. En effet, après des Mondiaux d’Oberhof couronnés par le titre mondial du relais masculin, le Villardien a décidé de mettre fin à son hiver avec effet immédiat, et donc, de ne pas prendre part aux trois dernière étapes sur le mois de mars.
Une décision, prise seulement deux jours avant le relais doré, qui découle de deux hivers compliqués. Un “break” nécessaire pour le Français, qui, sans ça, aurait sans doute songé à un arrêt de carrière.
“C’est une décision qui fut difficile à prendre et que j’aurais pu prendre il y a un an après les Jeux Olympiques, a expliqué Émilien Jacquelin aux abonnés de l’Équipe. À l’époque, j’étais deuxième mondial et cela aurait été très compliqué de m’arrêter. Ça fait un an que j’avais conscience que mon énergie était en phase descendante et que j’avais besoin de souffler. J’ai la capacité de mettre beaucoup d’énergie, c’est ce que j’ai fait, mais à un moment donné il faut savoir s’écouter, car je ne suis pas une machine, et ça a déraillé.”
“Sans ce break, je pense que, dans un an, j’aurais dit au revoir au biathlon parce que je ne m’y retrouvais plus.”
Plus en phase avec ses coachs
Une autre actualité a animé la fin de saison de l’équipe de France masculine : les départs de Vincent Vittoz et Patrick Favre. En place depuis 2018, les deux coachs ont en effet annoncé quitter le navire bleu suite à une volonté de leurs athlètes, dont Émilien Jacquelin, de changer de discours à partir de la saison prochaine. Le double champion du monde de la poursuite n’était plus en phase avec la vision de ses entraîneurs.
“L’entraîneur doit amener une vision mais aussi de l’apaisement. Et, dernièrement, on n’a pas senti cette dynamique globale. Alors que nous n’étions pas au top, leur discours a été de nous dire : “Ne vous inquiétez pas, on fait comme d’habitude, il n’y a pas de souci.” Alors que si, il y avait un souci. Et dans ces cas-là, nous, les athlètes, on tente de trouver des solutions entre nous et c’est ça qui crée une scission avec le staff.”
Le vice-champion olympique de relais à Pékin a également admis qu’il souhaitait une évolution dans le coaching de sa discipline qui a gardé “les mêmes codes qu’il y a vingt ans”, c’est-à-dire, un entraîneur pour six athlètes. Un système qu’il juge trop limité et qu’il aimerait à présent plus personnalisé : “Chaque athlète est différent et, sans être maternés, on a besoin de plus d’implication, d’être plus efficaces.”
“Ça me fait mal de voir mes montagnes aussi vertes”
Enfin, Émilien Jacquelin a été interrogé sur ses préoccupations concernant le réchauffement climatique. Il en a profité pour révéler qu’il ne s’entraînerait plus dans le tunnel réfrigéré d’Oberhof, souvent utilisé par l’équipe de France durant l’intersaison.
“Certaines épreuves se sont déroulées cet hiver avec des enneigements trop limite… Ça ajoute de l’anxiété, ça fait réfléchir et parfois, je me dis que ce que je fais, cela n’a ni queue ni tête. Mais si on court, c’est qu’on l’accepte, il ne faut pas se le cacher. Si l’équipe décide d’y retourner (dans le tunnel d’Oberhof, ndlr), ce sera sans moi. Ça commence par là car ça me fait mal de voir mes montagnes aussi vertes.”
Crédit photo : Manzoni/NordicFocus