C’est une 8e victoire en carrière mais celle-ci aura pour toujours une saveur particulière pour Quentin Fillon-Maillet. Vainqueur aujourd’hui sur la poursuite hommes du Grand Bornand, le Jurassien provoque l’euphorie du public français et s’empare par la même occasion du dossard jaune. Il devient le deuxième Français à succéder à ce titre à Martin Fourcade, après Simon Desthieux il y a quelques semaines à Ostersund.
Au micro de l’Équipe, Quentin Fillon-Maillet a les larmes aux yeux : “En termes d’émotion, c’est vraiment très fort, ça dépasse tout ce que j’aurais pu imaginer. Le dernier tir, le dernier tour en particulier, c’était juste fantastique, d’être porté par le public. Vraiment une belle victoire à la maison.”
En apprenant son statut de leader au classement général de la Coupe du Monde, le Jurassien est court de mots. “C’est super, vraiment. Je me fais vraiment plaisir, c’est juste exceptionnel. J’ai du mal à parler, c’est simplement vraiment fort de réussir ça devant ma famille, devant le public français.”
Le Français a pris le temps, après la cérémonie des médailles, de communier et de célébrer cette victoire avec le public. “C’est sûr que le partage avec le public, c’est presque unique. Ca fait un moment qu’on n’a pas vu le public, et là, on se retrouve dans la situation extrême avec une ambiance de dingue. Passer la ligne avec le drapeau, c’est un régal.”
“J’ai fait mon Martin Fourcade”
Pourtant, le dernier tir n’a pas été facile, reconnaît le Français. “C’est pas spécialement facile sur ce pas de tir, avec tout ce bruit en tribune. Le silence du dernier tir en particulier a été assez perturbant. On a vingt mille personnes derrière nous, et soudain, on n’entend plus personne.” Quentin Fillon-Maillet s’est alors inspiré d’un bon exemple : “J’ai pensé à Martin Fourcade sur le dernier tir. Il est habitué à maîtriser ce genre de situation, avec une belle avance sur le dernier tour. J’ai essayé de suivre ses traces et ça fait vraiment plaisir d’y être arrivé.” Il revient avec humour sur sa réaction après le dernier tir. “ Quand je tire ma dernière balle, j’ai le temps pour célébrer. Alors je me retourne, je fais mon Martin Fourcade, le poing levé après le tir, à prendre le temps de regarder le coach, le staff, le public, de me rendre compte de l’émotion que je provoque. J’ai vraiment de la chance de vivre tout ça. Une victoire, c’est toujours quelque chose en Coupe du Monde mais le faire à la maison, ça va marquer ma carrière.”
Le dossard jaune : un pas après l’autre
Quant au dossard jaune, Quentin Fillon-Maillet profite du moment présent mais ne se projette pas plus loin : “Finalement, c’est un objectif second, ce dossard jaune. Pour l’avoir, il faut accumuler les bonnes courses. Je ne fais pas mes calculs le soir pour savoir combien de points il faut que je fasse le lendemain, alors c’est vraiment une bonne surprise, je ne m’y attendais pas du tout. Après, la difficulté, ça sera de le porter à la toute fin de saison. Mais je n’ai pas envie d’y penser pour l’instant. Je veux juste profiter de ce moment-là, de cette fin de journée et de cette belle semaine.”
Le Jurassien est gonflé à bloc pour la mass start de demain, où il prendra donc le départ en jaune : “Peu importe l’état de forme, je donnerai le maximum sur la mass start. Cette victoire aujourd’hui me permet de décomplexer. Quoi qu’il arrive demain, ça sera du bonus.”
Crédit photo Kevin Voigt