Championnats du Monde

Mark Kirchner : « Avec 5 ou 6 médailles, nous pourrons être plus que satisfaits »

Pour Sportschau, l’entraîneur allemand fait le point à quelques jours du début des Championnats du Monde d’Antholz. La nation d’outre-Rhin est attendue après un début d’hiver mitigé.

Dans une semaine, les mondiaux débutent. Quel est l’état de forme des athlètes ?

« En ce moment, tout le monde est en bonne forme. Le camp d’entrainement se déroule comme prévu, nous n’avons aucun problème » (les allemands sont actuellement en préparation à Ridnaun).

Chez les hommes, vous avez obtenu trois podiums (Benedikt Doll, Arnd Peiffer et Johannes Kuehn), la surprise dans ce trio est Johannes Kuehn. Comment expliquez-vous cela ?

« Il a beaucoup travaillé pendant l’été mais aussi depuis le début de saison. Il a fait des progrès significatifs, notamment en ce qui concerne les tirs debout. En termes d’endurance, il a toujours été l’un des meilleurs ces dernières années. »

Kuehn dégage beaucoup plus de confiance, qu’est ce qui a fait basculer l’interrupteur ?

« L’interrupteur peut basculer rapidement dans le sport de haut niveau. Le succès permet de passer un pallier à franchir. Ensuite, c’est souvent beaucoup plus facile. Mais ce pallier est parfois très élevé. Il y est parvenu. Si vous faites une une sixième place, que vous montez sur le podium de temps en temps et que vous brillez lors des relais en faisant zéro faute, alors cela vous donne un coup de pouce supplémentaire pour votre état mental et votre confiance en vous. »

© IBU

Philipp Horn et Philipp Nawrath ont également surpris en se rapprochant du podium cette saison. Que pouvons-nous espérer d’eux aux Championnats du Monde ?

« Ils sont dans une phase préalable à celle de Johannes Kuehn. Avec leurs 6 tops 6, ils ont déjà atteint un certain niveau. Philipp Horn a également fait preuve de constance dans ses performances en étant 18ème au général. Il s’est amélioré en termes de condition physique et au tir, ce qui rend possible ce niveau de performance. Si tout se met en place, ils peuvent se battre avec les meilleurs. »

Pour le moment remplaçant, quelles sont les chances pour Erik Lesser de courir aux mondiaux ?

« Il ne participera pas aux compétitions individuelles, les cinq autres biathlètes ont fait de meilleurs résultats. Erik est une option pour le relais mixte simple et le relais hommes. Dans le cadre du relais mixte simple, il a couru presque toutes les courses au cours des dernières années. À Pokljuka, il a fait preuve d’une nette amélioration de ses performances avec une 14ème place à la mass-start. Il débutera également en IBU Cup la semaine prochaine pour y disputer une autre compétition de préparation. Alors nous verrons. »

Erik Lesser est très populaire, notamment grâce à sa façon de communiquer. Ce rôle positif pour la cohésion d’équipe et l’atmosphère a-t-il également joué un rôle pour sa sélection ?

« Ça joue un rôle, mais davantage pour nous les entraîneurs. Un athlète qui a déjà été champion du monde ne veut pas se rendre à une coupe du Monde pour faire du tourisme et être chargé de la bonne ambiance. Il veut être bon et participer à des courses. C’est le genre d’athlète que nous voulons avoir. »

Passons aux dames, avec Denise Herrmann, vous avez une athlète de haut niveau. Derrière elle, l’équipe semble plutôt chancelante. Sur quoi avez-vous mis l’accent pendant la préparation ?

« Denise est meilleure, c’est vrai. Elle vient de gagner beaucoup de confiance en remportant l’individuel à Pokljuka. Mais elle a aussi l’esprit d’équipe. Et d’autres athlètes ont également prouvé qu’elles pouvaient se mesurer aux meilleures. Franziska Preuss a été plusieurs fois dans le top 6, Vanessa Hinz a été souvent dans les meilleures lors des compétitions individuelles. Les performances de Janina Hettich sont également à suivre. Nous devons en profiter pour mettre en place une bonne équipe pour le relais à Antholz. »

© IBU

Janina Hettich est encore très jeune, elle a 23 ans, et Karolin Horchler n’a pas beaucoup d’expérience aux mondiaux. Mais vous avez décidé de ne pas sélectionner les deux expérimentées Franziska Hildebrand et Maren Hammerschmidt. Quel signal vouliez-vous envoyer avec votre décision ?

« Si vous regardez les performances et les résultats, Hettich et Horchler sont devant Hildebrand et Hammerschmidt. Dans le sport de haut niveau, tout est question de performance. D’autre part, avec Janina Hettich, nous avons misé sur la jeunesse et le talent et avec Karolin Horchler, sur une tireuse d’élite très stable. Cela pourrait être décisif pour le relais. »

Franziska Preuss a connu plusieurs revers au cours de la saison, Simon Schempp s’est même retiré complètement en janvier. Dans d’autres sports, les prélèvements sanguins des athlètes sont examinés de très près afin de pouvoir prendre à temps des mesures contre les virus. Des discussions avec Schempp et Preuss, il ressort le sentiment que cela ne joue pas encore un rôle majeur dans le biathlon. Que peut-on encore améliorer ?

« Il ne faut pas mettre les deux ensemble. Chacun a sa propre histoire. Simon a accumulé des retards depuis l’année dernière, plus que nous ne le pensions. Au final, il lui manque trois mois de compétition par rapport à l’année dernière. C’est le facteur limitant, il n’a pas pu faire face à la charge de travail pour pouvoir faire des prestations auxquelles nous étions habitués de sa part. Franziska a montré au début de la saison qu’après deux hivers difficiles, elle a retrouvé son niveau. Il faut parfois faire preuve de sang-froid et continuer à travailler calmement. Cela doit être mis en œuvre afin que de meilleures performances possibles soient à nouveau obtenues. »

La semaine dernière, les championnats du Monde jeunes et juniors ont pris fin. Sur 16 courses, les allemands n’ont remporté que quatre médailles. Quelle est la situation des jeunes allemands ?

« On peut voir deux sujets ici : Tout d’abord, quel est le niveau d’expérience de l’Allemagne par rapport à d’autres nations, par exemple la Norvège. Grâce à notre nombre réduit d’athlètes, nous sommes toujours en mesure de développer des performances de niveau mondial. L’autre sujet est la question de savoir dans quelle mesure les conditions sont en place pour développer les jeunes talents. Les personnes qui s’occupent des enfants et des jeunes sont peu nombreuses et de moins en moins nombreuses. Il faut se demander dans quelle mesure nous sommes encore prêts, en Allemagne, à nous engager dans le sport de haut niveau. »

© IBU

Que souhaitez-vous ?

« Mon souhait est que la DOSB (organisme olympique allemand, ndlr) mette en œuvre le coaching annoncé de longue date. Cela ne concerne pas seulement le biathlon, mais l’ensemble du sport de haut niveau allemand. »

Est-il possible d’apprendre quelque chose des autres pays ? En Norvège, par exemple, il existe un programme très important de promotion des jeunes talents …

« Quand je regarde les championnats d’Allemagne, j’ai 45 athlètes au départ chez les hommes, les juniors et les seniors ensemble. En Norvège, il y a 150 à 200 hommes. Notre système de biathlon n’est pas si mauvais que cela, nous réussissons toujours au niveau international. Il ne faut pas trop regarder les autres, il faut se regarder soi-même. Nous avons besoin du soutien de notre politique sportive pour pouvoir nous le permettre au plus bas niveau. »

Retour à Antholz. Les courses se déroulent à une altitude d’environ 1 700 mètres, ce qui rend les parcours et le tir spéciaux. Quel sera le facteur déterminant ?

« Il n’est pas rare de concourir à 1 700 mètres. Nous venons ici chaque année pour la Coupe du Monde. Actuellement, toutes les équipes courent à moyenne altitude dans les 1 400 à 1 600 mètres. Chacun adapte son corps, toutes les nations partent des mêmes conditions. Il n’y a donc pas de facteurs déterminants. »

Que pouvons-nous espérer de ces mondiaux ?

« Ce sera un événement important. Antholz est connu pour ses courses de biathlon de haut niveau depuis des décennies, elles ont accueilli plusieurs Championnats du Monde. L’ambiance, avec pour commencer les spectateurs, la localisation, et surtout le beau temps hivernal. Il s’agira de Championnats du Monde de haut niveau, pour les équipes et pour tous les fans qui viennent à Antholz. »

L’année dernière, il y a eu huit champions du monde différents dans huit courses individuelles. Voyez-vous quelqu’un qui pourrait dominer le Championnat du Monde cette année ?

« Je ne me préoccupe pas de cela. Pour moi, le plus important est que nous envoyons notre équipe à Antholz en compétition. Nous ne voulons pas nous y rendre sans nous battre. Nous n’avons pas non plus peur des grands noms. Le meilleur exemple est celui de Benedikt Doll, qui a battu les deux biathlètes les plus performants lors de la mass-start à Pokljuka. Si vous prenez cela comme un symbole et une motivation, nous n’avons pas à nous cacher. »

© IBU

Vous avez déjà dit à ARD que vous vouliez une médaille dans chaque épreuve par équipe et une ou deux médailles sur les courses individuelles. Cela fait un total de six à huit médailles comme objectif …

« Je ne connais pas les exigences de la fédération. C’est une analyse sur ce qui est possible. Si nous rentrons chez nous avec cinq ou six médailles, nous pourrons être plus que satisfaits. »

Interview réalisée par Dirk Hofmeister pour sportschau.de.