Pour la quatrième année de suite, Camille Bened s’est parée d’or sur le relais féminin des Mondiaux juniors. La Haut-Savoyarde a bien voulu revenir pour nous sur cette performance historique.
Félicitations Camille ! Tu termines tes Mondiaux en beauté en remportant une nouvelle fois ce relais…
C’est assez incroyable quand même. Forcément ce relais je l’avais coché parce que les trois dernières années j’étais dans le relais et trois fois on est championnes du monde. Ça me tenait à cœur de défendre à nouveau le titre. C’est vraiment quelque chose d’extraordinaire. Réussir la passe de quatre c’est un truc de fou quoi ! Je me dis qu’on a quand même réussi à aligner sur quatre années une équipe capable de jouer la gagne.
D’ailleurs, ne t’es-tu pas ajoutée de la pression supplémentaire en voulant réaliser cette passe de quatre ?
Pas forcément. Après j’avais vraiment à cœur de faire quelque chose de correct et de me montrer que j’étais encore capable de jouer car sur la poursuite j’ai quelques regrets sur le tir. Je n’ai pas forcément fait ce que je savais faire. J’ai trop voulu revenir sur la tête et je n’ai pas fait les choses avec la bonne manière. Donc j’avais aussi envie de montrer que je savais jouer, que j’étais là pour aller chercher devant.
Au final je n’étais pas trop stressée de décrocher le titre car au début j’étais dans l’aire de départ quand je vois Sophie partir faire un tour de pénalité. Et là je me dis, « on va aller jouer pour une médaille dans un premier temps, pas forcément pour le titre ». Par contre quand elle m’a passé le relais et que j’ai vu qu’elle était revenue au contact de la Suissesse et la Biélorusse pas loin devant, là ça a changé un peu ma vision des choses quand j’ai pris le relais.
Au final, Sophie ne m’a pas plus donné de travail car elle a fait un énorme dernier tour sur les skis. Elle a fait sa part du travail, comme Paula et Eve. On avait une équipe vraiment homogène. Et on savait qu’en faisant chacune notre travail, on pouvait aller chercher quelque chose de très beau.
J’aime bien être là pour jouer, pour essayer de déstabiliser l’adversaire.
Camille Bened
Tu débutes ton relais avec deux pioches. Et pourtant tu arrives quand même à recoller à la Biélorusse grâce à ta vitesse d’exécution sur le tapis.
Quand je suis arrivée au tir couché, j’ai vu qu’elle avait loupé des balles (ndlr : la Biélorusse). Et moi j’étais vraiment dans l’optique de « me lâcher » sur mon tir et d’essayer de faire des choses propres, mais à l’attaque. J’ai pris peut-être un peu trop de risque sur mon couché, j’en sors deux. Mais j’ai réussi à mettre les pioches directement. Mais je suis vite rentrée sur la Biélorusse après sur les skis. C’était une situation qui me plaisait. On allait arriver au tir debout pour jouer le titre et c’est une situation que j’apprécie. J’aime bien être là pour jouer, pour essayer de déstabiliser l’adversaire. J’ai essayé de tirer la première balle la plus vite, m’installer avant elle. Vraiment être à l’attaque et jouer avec les autres.
Et tu as réussi ta mission sur ces cinq dernières balles en déstabilisant complètement la Biélorusse (3 tours) grâce un tir éclair et chirurgical…
Sur le dernier tir je me suis permis de le faire car j’étais en capacité de le faire. Je le sentais. Sur la poursuite j’ai peut-être trop voulu attaquer mais je n’étais pas forcément en capacité d’être bien derrière ma cara et de la maintenir comme je l’ai fait hier. Alors que sur ce relais je me suis installée sur mon tapis, j’ai tiré très vite, mais ces balles je savais qu’elles étaient dedans. Je ne me suis pas laissée emporter comme j’ai pu le faire sur la poursuite. J’étais bien derrière ma cara.
Tu ressors du dernier tir avec 40 secondes d’avance sur ta plus proche poursuivante. Tu as déjà commencé à profiter dans la dernière boucle ?
Jusqu’à l’intermédiaire j’ai encore skié un peu car je n’avais pas eu forcément d’informations, je ne savais pas trop où ça en était. Mais une fois l’inter passé, j’ai pu vraiment profiter, taper dans la main des coachs, des jeunes qui sont venus nous voir. C’était vraiment cool. J’ai pu savourer cette dernière boucle. Je me suis dit, « on l’a fait quoi ».
Pour la quatrième année de suite tu remportes le titre mondial du relais juniors. C’est historique !
Je n’y crois toujours pas. Déjà le premier titre à Otepaeae c’était une énorme surprise. Je suis jeune 2, on m’aligne dans le relais des Championnats du Monde et on décroche l’or. L’année d’après on refait pareil grâce un relais quasiment parfait avec une seule balle de pioche à Osrblie. L’année dernière, première fois que le relais féminin se fait à quatre, on a encore une équipe super solide pour décrocher cette médaille. Et là on termine encore ces Championnats en beauté avec cette médaille. La seule différence entre ces quatre relais, c’est que les trois premiers je les avais commencés et cette année c’est moi qui ai fini.
On avait vraiment une équipe très très dense et très compétitive cette année.
Camille Bened
Quatre années de suite avec des coéquipières et des compositions de relais différentes.
Chaque médaille est différente parce que ce n’est pas la même équipe, ça n’a pas forcément été le même encadrement. C’est une médaille qui est vraiment chouette à vivre, on ne la vit pas toute seule, on la partage à quatre.
Vous repartez des Mondiaux avec onze médailles, dont sept en or. Vous vous rendez compte de ce que vous avez réalisé en Autriche ?
On a vraiment fait de très beaux Mondiaux, on avait une équipe très solide. Les jeunes ont commencé très fort. Limite après le premier jour on s’est dit, « Wouah, les jeunes ont commencé très fort, il va falloir qu’on assure derrière ». Et au final ça s’est vraiment bien fait. En plus que ce soit chez les filles ou les garçons, il y a eu pas mal de cérémonies des fleurs. Ça veut dire qu’il ne manquait pas grand-chose pour que ça fasse. De toute façon, il n’y a que trois places sur le podium, mais on avait vraiment une équipe très très dense et très compétitive cette année. C’était vraiment chouette, on a pu vivre des bonnes émotions toute la semaine. Les coachs, les techniciens, toute l’équipe était vraiment contente et ça fait plaisir quand il y a une bonne ambiance comme ça.
D’un point de vue personnel, quel bilan tires-tu de tes Mondiaux ?
On m’aurait dit ça avant le début de la saison, je prenais direct. Championne du monde en individuel, championne du monde de relais. Forcément deux quatrièmes places c’est un peu frustrant mais on est aux Championnats du Monde. Tout le monde y va pour la même chose. On sait qu’aux Mondiaux il faut être parfait. Sur le sprint et la poursuite ça n’a pas été le cas. J’ai laissé ma chance. Mais ça reste deux très belles places. Je suis vraiment contente des Mondiaux que j’ai fait.
Quelle est la suite du programme ? Tu restes sur place pour la dernière étape d’IBU Cup de l’hiver ?
Oui on reste à Obertilliach pour la semaine prochaine en IBU Cup. On va bien profiter jusqu’à aujourd’hui (ndlr : dimanche). J’ai vraiment hâte de courir encore ici la semaine prochaine car c’est un site qui est vraiment superbe. On a eu des conditions cette semaine exceptionnelles. On a quasiment pas eu de vent, il faisait beau, la neige était royale. Il faisait chaud mais ça ne brassait pas. On a eu des conditions de folie.
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Crédit photo : IBU