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Caroline Colombo : “J’aimerais vraiment vivre les émotions d’une Coupe du Monde en France.”

Nouvelle interview exclusive sur Biathlon Live ! Caroline Colombo, la belle surprise tricolore la saison dernière, a répondu à nos questions. La franc-comtoise a hâte que l’hiver commence après une longue période de préparation. Pas sûre d’être encore du voyage pour Ostersund, Caroline Colombo ne se focalise pas plus que ça sur l’étape du Grand Bornand, mais elle espère tout de même pouvoir évoluer devant son public.

Vous étiez à Arçon ce week-end pour y disputer les Championnats de France. 6e sur le sprint, 5e sur la poursuite. Quel bilan tirez-vous de ces deux jours de compétition ?

Au-delà du résultat, j’étais un petit peu frustrée de ma forme physique. Je me sentais bridée et j’ai eu beaucoup de mal à enchainer les tours. Nous venons d’enchaîner pratiquement 15 jours de stage avant ces championnats de France, ce qui explique ces sensations. Aucun bilan à tirer, juste la confirmation que le dernier mois de préparation va être important pour arriver en forme et surtout me permettre de capitaliser un maximum de fraîcheur physique et mentale.

Caroline Colombo sur la poursuite des championnats de France d’Arçon. © Nordic Mag

Nous sommes à un peu plus d’un mois du début de l’hiver. Dans quel état d’esprit êtes-vous ? Êtes-vous satisfaite de votre préparation ?

La préparation est longue en biathlon et je préfère les compétitions à l’entrainement, alors j’ai réellement hâte que ça commence ! J’ai beaucoup travaillé sur ma technique en ski, elle avait tendance à se dégrader très rapidement au fil des tours.

Si je réussis à stabiliser mon tir cette saison ce sera une belle réussite.

Le tir féminin est désormais dirigé par Franck Badiou. Que vous a-t-il apporté ces derniers mois ? Sentez-vous qu’il y a encore une grande marge de progression derrière votre carabine, alors même que vous tourniez autour des 90% de réussite au tir la saison dernière ?

J’ai évolué toutes mes années de préparation avec Jean-Pierre Amat qui vient sensiblement de la même école de tir que Franck. Le discours de fond restait sur les mêmes bases ce qui m’a permis de rapidement le comprendre. La différence vient surtout de l’enchaînement dans la préparation. Avec Franck, il y a un réel fil conducteur pour acquérir les bases techniques nécessaires pour gagner en régularité tout l’hiver.
Je suis passée de 68% avant ma blessure à près de 90% la saison dernière, alors si je réussis à stabiliser mon tir cette saison ce sera une belle réussite.

Fin mai à Prémanon pour un stage axé sur le tir.

En avril, vous disiez vouloir gagner du temps sur les skis l’hiver prochain. Qu’avez-vous mis en œuvre pour atteindre cet objectif ? Avez-vous eu l’impression d’avoir gagné en rapidité lors des Championnats de France ?

Oui, c’était l’objectif de la préparation. Ma technique en ski a évolué comme je vous l’ai dit, et puis cette saison j’ai une préparation complète où je ne reviens pas de loin comme l’an passé après une saison blanche. Mes bases physiques sont plus solides et même si ça ne s’est pas bien vu ce week-end aux championnats de France, je suis persuadée qu’on verra une évolution cet hiver.

Vous êtes 5 filles du groupe B à vous disputer les deux derniers tickets pour l’ouverture de saison à Ostersund en Coupe du Monde. Comment vivez-vous cette période ? Est-ce-que cela a un impact sur l’ambiance du groupe ?

Exactement ! Mais je n’ai jamais eu de problème avec le mot “sélection.” Si j’ai le niveau je monte, si je ne l’ai pas je redescends. C’est simple et binaire. Je le vis très bien, depuis le printemps les critères sont clairs, à moi d’être assez performante pour débuter à Ostersund. Il n’y a aucun impact sur l’ambiance du groupe.

La franc-comtoise n’a pas compté ses efforts cet été, ici en stage à Bessans fin août.

Vous avez réalisé un dernier hiver qui est allé au delà de vos espérances (3 victoires en IBU Cup, 9 départs en Coupe du Monde). J’imagine que ça a été une grande source de motivation pour reprendre le chemin de l’entraînement et vouloir faire encore mieux la saison prochaine.

Oui et non à vrai dire. J’étais vraiment très fatiguée mentalement à la fin de l’hiver. Je n’avais pas pris de vacances depuis plus de 2 ans et la rééducation c’est encore plus épuisant qu’une saison entière de compétition. Quand j’ai repris l’entrainement, je n’étais pas prête à me refaire mal tout de suite, à accepter la douleur, mais c’est très vite reparti en commençant les stages avec le groupe et en se projetant sur de nouveaux objectifs hivernaux.

Avant de penser aux mondiaux, je dois progresser sur la Coupe du Monde.

Quels sont vos objectifs pour cette saison ? Une participation aux prochains Championnats du Monde à Antholz est-elle dans un coin de votre tête ?

Je ne me mets pas d’objectifs purs de résultats. Ceux-ci ne dépendent pas uniquement de moi donc ça ne sert à rien. Je ne sais pas ce qu’ont fait les autres, comment elles ont évolué dans les autres nations. En revanche, j’ai des projets sur chacune des notions de la performance (physique, tir, mental, etc…) Le but est de progresser sur chacun d’eux. Pour les mondiaux, il y a 4 filles qui sont bien installées pour y aller. Leur niveau respectif est aujourd’hui plus élevé que le mien, mais je souhaite me placer en outsider en me rapprochant d’elles. Avant de penser aux mondiaux, je dois progresser sur la Coupe du Monde.

Caroline Colombo sur la poursuite d’Antholz © Biathlon Live

La Coupe du Monde de biathlon sera de retour au Grand Bornand cet hiver. J’imagine que c’est un rendez-vous que vous ne voulez manquer sous aucun prétexte.

Tout le monde m’en parle en me disant : ” j’ai pris ma place pour le Grand-Bo”, je leur réponds que c’est bien pour eux, qu’ils ont de la chance mais que moi je ne l’ai pas encore ! J’aimerais vraiment vivre les émotions d’une Coupe du Monde en France, l’ambiance doit être folle ! Mais je ne veux pas y attacher plus d’importance qu’une autre ça me ferait défaut.

J’avais l’impression d’être au ball-trap.

L’hiver dernier en IBU Cup, vous avez pris le départ d’un super sprint et d’une mass-start à 60 (que vous avez remporté, à Val Martello). Que pensez-vous de ces nouveaux formats de course ? Ont-ils leur place en Coupe du Monde dans les années à venir ?

J’ai deux avis différents pour chacune de ces courses. Pour être honnête, le super sprint, je n’ai pas du tout aimé. J’avais l’impression d’être au ball-trap, les filles allumaient les cibles sans viser en espérant que ça tombe. Ça dégradait l’image que j’ai du tir dans le biathlon et puis les distances sont courtes mais le temps d’attente entre la qualification et la finale est très long, c’était épuisant. J’espère ne plus en refaire, je n’ai pris aucun plaisir à y courir. Pour la mass-start à 60, je trouve que c’est une belle initiative de l’IBU de l’avoir instaurée sur l’IBU CUP. Quand on évolue sur ce circuit on fait souvent la navette avec la Coupe du Monde, c’est donc compliqué de se baser sur le classement général pour établir une liste de départ avec les 30 meilleur(e)s. Dans le même temps, je trouve ça important de faire courir un maximum d’athlètes sur ce circuit qui doit nous permettre de progresser et de se faire de l’expérience. Ce serait une bonne chose de la garder sur ce circuit IBU. En revanche, pour moi, la mass-start en Coupe du Monde doit se mériter et ce serait la dégrader que de la faire passer à 60.

Caroline Colombo vainqueur de la première mass-start à 60 de l’histoire. © IBU

Quel est votre programme jusqu’à l’ouverture de l’hiver ?

J’ai fait quelques jours complets de repos pour me régénérer physiquement et mentalement. Je vais rester chez moi jusqu’au 7 novembre pour m’entrainer et ensuite nous partirons à Sjusjoen pour toucher la neige. Là-bas, on participera à une coupe de Norvège (sélections norvégiennes).

Caroline Colombo en chiffres :

Merci à Caroline Colombo d’avoir répondu à nos questions.

Crédit photo : IBU