Sur une piste gelée et très glissante, Sturla Holm Laegreid s’impose pour la première fois de la saison sur la poursuite du Grand Bornand en devançant Vetle Sjaastad Christiansen et Johannes Boe, en grande difficulté sur les skis. Fabien Claude termine quatrième.
Des Norvégiens intouchables
Bien que nous soyons en France, c’est le drapeau norvégien qui domine le haut du classement sur cette poursuite si particulière, notamment de part des conditions plus que difficiles, surtout pour certains biathlètes.
Parti en première position, Johannes Boe, qui semblait intouchable au départ de cette poursuite, fut très vite en grande difficulté sur les spatules. Comme paralysé par une piste particulièrement verglacée, il aura perdu du temps sur ses concurrents direct pendant l’intégralité de la course. Habitué des meilleurs temps, il achève la course avec le 27e temps de ski. Impensable pour un athlète de sa trempe. Son 18/20 aujourd’hui lui permettra tout de même d’aller accrocher la troisième place sur la course.
Les deux concurrents norvégiens auront eu bien moins de difficultés sur les skis. Vainqueur de la course après être parti deuxième à 18 secondes du vainqueur, et malgré un 16e temps de ski, Sturla Holm Laegreid aura été quasiment parfait sur le pas de tir avec un magnifique 19/20. Après cinq podiums dont quatre deuxièmes places depuis le début de cette saison, c’est enfin la consécration pour le dauphin de Johannes Boe au classement Général. Une poursuite maitrisée de bout en bout, des tirs d’une propreté quasiment inégalée, c’est très logiquement qu’il s’impose sur la piste haut-savoyarde aujourd’hui.
Le deuxième norvégien du jour aura quant à lui été l’antithèse de ses deux compatriotes en étant d’une efficacité remarquable sur la piste. Avec le deuxième temps de ski, Velte Christiansen profitera des mésaventures de ses adversaires pour exercer une pression permanente sur les athlètes devant lui. Parti 10e, un magnifique 15/15 lui aura permis de faire l’avant dernier tour en tête, avant de s’écrouler au dernier tir avec deux cibles qui ne basculeront pas. Malgré cela, il doublera le leader du classement général dans les derniers hectomètres pour aller s’offrir une magnifique deuxième place, sans doute teintée de quelques regrets.
Le matériel des biathlètes, facteur X aujourd’hui.
En biathlon le matériel des biathlètes est une des clefs de la performance. Bien souvent, c’est le fart choisi par les équipes techniques qui font les différences pendant la course, mais aujourd’hui, ce sont les différences de skis eux-mêmes qui ont décidé de l’issue de la poursuite.
En coupe du monde, la grande majorité des biathlètes se partagent quatre marques de skis, toute performantes mais avec des caractéristiques différentes. Ces différences caractéristiques ont été particulièrement exposées aujourd’hui, ce qui est assez rare pour le souligner. On remarque en effet que les biathlètes partageant les mêmes marques, partagent aussi sensiblement les mêmes temps de skis. Sur une piste verglacée comme on le voit rarement en coupe du monde, certains biathlètes partageant les mêmes marques de skis (à l’image de Quentin Fillon Maillet et Johannes Boe) se sont retrouvés en grande difficulté ne serait-ce que pour tenir debout, perdant une énergie folle, pour des poussées inefficaces.
Des courses paradoxales pour les Français
Ils étaient cinq à prendre le départ de la poursuite aujourd’hui, tous en « chasse patate », prêts à aller chercher une belle remontée voire un podium pour certains. Ils auront tous connus des destins différents et frustrants, submergés par les conditions de neige inédites du jour.
Fabien Claude, parti 7e à 23 secondes du podium pouvait espérer monter sur la boite aujourd’hui. Cependant, avec un 18/20 et le 12e temps de ski, il ne saura aller chercher mieux qu’une quatrième place, tout de même satisfaisante au vu de la composition du podium du jour.
La quintessence du paradoxe aura été vécue aujourd’hui par Quentin Fillon Maillet. Le vainqueur de la Coupe du Monde la saison passée nous a gratifié d’un 20/20 face aux cibles, digne de ses plus grandes heures de l’année 2022. Cependant, ne bénéficiant pas de la bonne marque à ski et toujours à la recherche de sa forme olympique (29e temps de ski), il ne pourra pas faire mieux que grappiller une seule place et achever la course en septième position.
L’excellente remontée du jour est à mettre au crédit de celui qui c’était révélé ici 5 ans auparavant, Antonin Guigonnat. Parti 25e, il achèvera la course sur une magnifique 8e place. A l’inverse de son coéquipier Quentin Fillon Maillet, c’est sur la piste que ce dernier aura brillé. Fort du troisième temps de ski, il aura malheureusement pêché aux cibles avec 4 erreurs.
Quant au benjamin des frères Claude, parti en 24e position, il aura vécu une course neutre puisqu’il passera la ligne d’arrivée à la même place. En difficulté derrière la carabine avec un 15/20, Emilien Claude continue son apprentissage du très haut niveau.
Emilien Jacquelin, lui, aura pu jouer pour une belle place uniquement sur la première moitié de la course. Avec une seule erreur, il y avait de quoi aller chercher les places d’honneur. Les tirs debout lui auront été fatals avec trois erreurs par tir. Il achèvera donc cette poursuite avec une bien triste 30e place après l’avoir démarrée à la 13e.
Crédit photo : Thibaut/NordicFocus.
