Coupe du Monde

Johannes Boe, seul contre tous ou seul face à lui-même ?

Johannes Boe - IBU

Avec le départ de Martin Fourcade, Johannes Boe est désormais le maître incontesté du circuit masculin. Le Norvégien part en quête d’un troisième gros globe consécutif. Mais certains facteurs pourraient contrarier ses plans…

Johannes Boe, (grand) favori à sa propre succession

Johannes Boe, 27 ans, sera une fois de plus l’homme à détrôner cet hiver. S’il partageait toujours l’affiche avec Martin Fourcade ces dernières années, la retraite du catalan fin mars fait du Norvégien le maître incontesté de la discipline à présent.

Un statut acquis après deux dernières saisons exceptionnelles. Vainqueur à deux reprises du général de la Coupe du Monde, il n’aura pas laissé grand-chose ses adversaires. Son record de 16 succès lors de l’exercice 2018-2019 témoigne de sa domination gargantuesque, comme son deuxième gros globe de cristal remporté en fin de saison dernière malgré quatre courses manquées.

Johannes Boe - IBU
Crédit photo : IBU

Le rouleau compresseur norvégien est impressionnant et ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Si sa puissance sur les skis a toujours été son point fort, sa régularité derrière la carabine commence à le devenir également. Sous la houlette de Siegfried Mazet depuis 2016, Johannes Boe est devenu un biathlète complet et régulier, avoisinant à présent les 90% de réussite au tir (contre 85% l’hiver précédent).

Une progression constante et une emprise sur sa discipline qui font de lui le favori à sa propre succession cette saison. Mais deux facteurs pourraient mettre à mal sa domination.

Le facteur équipe de France

Si le départ à la retraite de Martin Fourcade est évidemment une grande perte pour le clan tricolore, le quintuple (bientôt sextuple ?) champion olympique laisse tout de même derrière lui une équipe de France compétitive et qui a les armes pour faire vaciller le numéro un mondial.

Troisième mondial, Quentin Fillon Maillet semble le plus à même de faire chuter Johannes Boe. Le Jurassien ne se cache pas et veut remporter son premier gros globe de cristal. Alors que son chef de file de ces dernières années connaissait quelques difficultés, il en a profité pour se révéler, comme le reste du groupe. Vainqueur sur les deux saisons précédentes, il est même l’un des seuls à avoir tenu la dragée haute au Norvégien (dernièrement cet été au City Biathlon de Wiesbaden). Le vice-champion du monde du sprint a franchi un cap au niveau du physique, régulièrement deuxième temps de ski derrière « la torche ». À 86% de réussite derrière la carabine, Quentin Fillon Maillet sait sur quel point il doit faire mieux s’il veut prétendre au trône de numéro un mondial.

Quentin Fillon Maillet - IBU
Crédit photo : IBU

Côté tricolore, on pense également à Émilien Jacquelin. Le Villardien a été bluffant la saison passée, enchaînant les podiums et remportant surtout le titre de champion du monde de la poursuite en se jouant de Johannes Boe dans le dernier tour. Passé de la vingt-quatrième à la cinquième place mondiale, on ne sait pas jusqu’où va s’arrêter la progression du Français. Si sa régularité sur une saison pourrait lui faire encore défaut pour jouer le général, Il sera à n’en pas douter un (gros) caillou dans la chaussure du Norvégien ces prochaines semaines.

Peut-être un match à trois pour le général arbitré par Simon Desthieux. Sixième mondial, le biathlète de l’Ain joue toujours placé et rêvera de lever enfin les bras. Il faudra très certainement compter aussi sur l’aîné des frères Boe, Tarjei, comme le reste de l’armada norvégienne. Sur le Russe Alexander Loginov, champion du monde du sprint à Antholz. Et enfin sur une équipe allemande menée par Benedikt Doll qui voudra très certainement faire mieux collectivement que la saison précédente.

Le facteur paternité

C’est ce qui a animé la fin de la dernière saison. En début d’année, Johannes Boe est devenu parent pour la toute première fois. Une naissance qui l’avait contraint à faire l’impasse sur les deux étapes Allemandes. Le Norvégien avait finalement refait son retard dans la dernière ligne droite pour remporter le classement général.

Un rôle de père lui tenant particulièrement à cœur et qui a eu un impact sur sa préparation. En effet, le numéro un mondial n’a pas suivi le même programme d’entraînement que ses coéquipiers. Souvent à la maison pour épauler sa compagne, il a même décidé de zapper certains stages comme celui de Lavazè en altitude. Johannes Boe n’a d’ailleurs pas caché que mener cette double vie de « papa poule » et de biathlète n’était pas de tout repos. 

Johannes-Boe-Yngve-Sem-Pedersen-TV-2
Crédit photo : Yngve Sem Pedersen / TV 2

Peut-être un peu mois impliqué dans sa quête de cristal, le natif de Stryn a tout de même prouvé ces derniers jours qu’il n’avait rien perdu de son explosivité. Deux fois sur le podium sur des courses entre Norvégiens, il s’est montré très rapide sur les skis. Malgré quelques déchets sur le pas de tir avec une carabine modifiée, Johannes Boe semble prêt pour affoler une nouvelle fois les compteurs cet hiver. 

Crédit photo : IBU