Championnats du Monde Divers

Les sœurs Gasparin : un lien unique, une même passion pour le biathlon [3/3]

Troisième et dernière partie de notre entretien avec les sœurs Gasparin, ambassadrices de la marque Odlo. Retraitée depuis 2022, Selina est désormais à la tête du groupe junior suisse. De son côté Elisa a décidé de mettre un terme à sa carrière à l’issue de cette saison, à un an des jeux olympiques. Il ne restera donc plus qu’Aita sur le circuit mondial l’hiver prochain.

Troisième partie : coach Selina, la der d’Elisa, Aita vers Milan Cortina

Selina, Vous avez arrêté en mars 2022. Quel est aujourd’hui votre rôle au sein de la Fédération suisse de ski ? Transmettre vos connaissances et votre expérience pour inspirer la jeune génération est-il important pour vous ?

Selina : En ce moment, je m’occupe de l’équipe junior et je cherche également à développer le biathlon en Suisse. Je m’occupe donc de la planification, de l’entraînement de notre équipe junior et des sélections pour les championnats juniors, entre autres. Mais j’ai aussi un autre projet : la carabine laser. Nous avons touché plus de 4000 enfants dans les écoles en leur faisant tester la pratique du biathlon durant leurs cours de sport. Cela leur a permis de le découvrir.

Selina Gasparin © Manzoni/NordicFocus

J’ai également participé à l’organisation d’une nouvelle compétition de ski de fond avec une épreuve de tir au laser. Parallèlement, j’apporte mon savoir et mon expérience à l’équipe suisse de ski, en ce qui concerne la stratégie ou pour expliquer la voie à emprunter pour amener un enfant vers un titre de champion du monde. Nous répondons à des questions telles que « Avec quel engagement faut-il s’entraîner ? », « Comment s’entraîner correctement ? ». Ce sont des sujets très passionnants dans mon quotidien. Il s’agit toujours de la même vision : améliorer la pratique du biathlon.

Les enfants vous aident à voir les choses différemment.

Vous êtes également maman de deux petites filles. Comment cela a-t-il changé votre façon d’aborder votre sport ?

Selina : J’ai été à la fois athlète et mère de deux enfants pendant sept ans en coupe du monde. C’était un vrai défi. Mais les enfants vous aident à voir les choses différemment. Ils vous challengent au quotidien. Ils sont tout pour moi, quand j’étais athlète et aujourd’hui. Je m’amuse beaucoup avec mes filles et j’aime être à leurs côtés. Je voudrais leur apprendre quelques bases de ski de fond, mais elles ne sont pas vraiment intéressées. Elles n’ont aucune passion pour la neige, le sport ou dans quoi que ce soit de ce type. Je n’ai pas encore réussi à leur transmettre ma passion.

Selina Gasparin à l’entraînement pendant sa deuxième grossesse en 2018 © Selina Gasparin

Selina, que vous réserve l’avenir ? Quels sont les objectifs que vous souhaitez atteindre ?

Selina : Je veux voir les athlètes qui travaillent dur réussir et s’épanouir dans le sport. C’est pourquoi j’essaie d’améliorer toutes les conditions afin que davantage d’athlètes puissent devenir des professionnels et atteindre leurs objectifs. Parce qu’en fin de compte, le sport est la meilleure école de la vie. Dans le sport, on apprend tellement de choses pour toute la vie. C’est ce qui est beau. Plus on est nombreux à le pratiquer, mieux c’est. À haut niveau, on apprend encore plus.

Les Jeux olympiques de 2026 ont toujours été très loin dans ma tête.

Je veux partager ce que j’ai vécu. J’ai eu le privilège de pouvoir mener la carrière que j’ai eue, à une époque vraiment spéciale, avec succès. Aujourd’hui, j’aimerais le rendre à tous ceux qui sont intéressés. Cela me rend heureuse de pouvoir raconter mon histoire et ce que j’ai vécu et expliquer mes choix pour se dire « Peut-être que si vous faites comme ceci, vous pourrez atteindre ceci ou cela ». C’est vraiment chouette de voir que je peux aider ou inspirer les gens.

Elisa, vous avez annoncé que l’exercice 2024-2025 serait votre dernière saison. Pourquoi maintenant, sans attendre une année supplémentaire et espérer participer à d’autres Jeux olympiques ? La motivation n’est pas assez forte pour aller à Milano Cortina 2026 ?

Elisa : Ce n’est pas une question de motivation. Les Jeux olympiques de 2026 ont toujours été très loin dans ma tête. Je n’y ai jamais pensé. Maintenant c’est vrai, ils sont très proches. Mais quand j’ai appris que les championnats du monde auraient lieu à Lenzerheide, je pensais déjà à la fin de ma carrière. À l’annonce de l’attribution, quelques années en arrière, j’ai donc choisi ces championnats du monde à domicile pour mettre un terme à ma carrière.

Elisa Gasparin © Manzoni/NordicFocus

Il est certain que les Jeux olympiques sont l’événement le plus spécial pour un athlète. Mais j’y suis déjà allée. J’y ai obtenu de très bons résultats et il sera très difficile pour moi de faire mieux. J’ai déjà eu mon conte de fées avec les Jeux olympiques, avec Selina, sa médaille, le relais. Mais actuellement, les championnats du monde à domicile sont beaucoup plus spéciaux pour moi. C’est l’heure pour moi d’arrêter. Je suis prête à ouvrir un nouveau chapitre de ma vie.

Que voulez-vous dire à Aita, qui sera toujours en coupe du monde l’année prochaine mais sans vous ?

Elisa : Nous vivons dans des chambres à côté, dans la même maison. Je la verrai tous les jours, même si je ne fais plus de biathlon. J’espère qu’elle sait que chaque fois qu’elle aura des problèmes ou qu’elle manquera de motivation pour l’entraînement ou autre, elle pourra venir nous voir, Selina et moi. Nous serons toujours là pour elle afin de faire de cette année la meilleure de sa carrière. Mais je suis sûre qu’elle va très bien gérer la situation.

Aita, comment se présente la route vers Milan Cortina 2026 pour vouset l’équipe de Suisse ? Comment vous préparez-vous à cette échéance olympique ?

Aita : Pour être honnête, je n’y pense pas encore vraiment, car les championnats du monde sont pour l’instant l’événement le plus important à mes yeux. C’est tout à fait normal. Il n’y aura probablement pas de changement d’entraîneur ni de changement majeur dans l’équipe. Nous allons donc voir comment les choses se passent pendant les championnats du monde. Puis nous analyserons la situation. Nous en tirerons des enseignements et nous travaillerons davantage pour nous améliorer.

Aita Gasparin © Manzoni/NordicFocus

Le relais sans mes deux sœurs sera assurément spécial.

Avec la retraite d’Elisa à la fin de la saison, après celle de Selina en 2022, vous serez la dernière sœur Gasparin sur le circuit. Comment voyez-vous la prochaine saison, sachant que vous avez toujours été en compétition avec au moins l’une de vos sœurs ?

Aita : Ce sera très spécial. J’ai partagé mes chambres d’hôtel la plupart du temps avec l’une de mes sœurs. L’année prochaine, ce ne sera plus le cas. Il est vrai que pendant la course ou sur les pistes, il est uniquement question de moi et de ma performance. J’ai toujours été la seule à devoir me tenir sur la ligne de départ et à franchir la ligne d’arrivée. Mais la vie autour des courses, les journées et les heures avant seront probablement bien différentes. En plus, nous aurons besoin d’une autre biathlète suisse pour le relais afin de remplacer Elisa. Ce sera certainement un gros défi. Lea Meier est très prometteuse et nous espérons qu’elle saura franchir ce cap. Mais nous ne serons que quatre. Si l’une d’entre nous tombe malade, nous devrons compter sur une très, très jeune fille. Le relais sans mes deux sœurs sera assurément spécial.

Elisa Gasparin, Aita Gasparin © Manzoni/NordicFocus

Un petit mot en français pour terminer ?

Elisa : Salut, ça va ?

Aita : Je pense à quelque chose de particulier à dire concernant le biathlon. J’ai besoin d’y réfléchir un peu. S’il y a quelque chose en français comme « ne mangez pas de neige jaune », c’est la phrase la plus anglaise liée au biathlon. Je ne sais pas si vous avez des blagues de ce genre. Je dirais aux fans en français « Bonne chance ».

Elisa : Pour tous les fans français, venez à Lenzerheide pour la fête du biathlon et n’apportez pas de fromage : il y en a chez nous !

Crédit photo : Odlo