Championnats du Monde

Antholz – Des titres, des médailles, des favoris et des outsiders !

Alors que les mondiaux italiens débutent ce jeudi, c’est l’heure de la revue d’effectif des candidats aux titres et aux médailles. Entre confirmations attendues et surprises possibles, la bataille d’Antholz s’annonce passionnante…

Johannes Boe contre les bleus…

Depuis le début de la saison en novembre dernier, une marée bleue a envahi la Coupe du Monde de biathlon, notamment chez les hommes. 22 podiums dont 7 victoires, 4 biathlètes dans le top 8 du général, un dossard jaune sur le dos pour Martin Fourcade et une pleine confiance collective accumulée depuis un peu plus de deux mois. Les français arrivent sûrs de leur force à l’aube de ces Championnats du Monde italiens et peuvent nourrir de grandes ambitions.

Pourtant, un athlète n’est pas de cet avis et compte bien contrecarrer les plans français. Johannes Boe est dans la forme de sa vie. Auteur d’une saison exceptionnelle lors du précédent exercice, le norvégien, quadruple champion du Monde à Ostersund l’année dernière, est reparti sur les mêmes bases depuis le début de l’hiver 2019. Ultra dominateur sur quasiment toutes les courses, seul un congé paternité l’aura éloigné du circuit pendant deux semaines (Oberhof et Ruhpolding). Mais cette absence heureuse ne l’aura pas été seulement pour le jeune papa. En effet, Martin Fourcade en aura profité pour reprendre confiance et remporter quatre succès individuels tout en prenant ses distances au classement général sur son rival norvégien.

© IBU

On peut donc s’attendre à une lutte au sommet entre les deux stars masculines de la discipline qui en plus de se battre pour un titre mondial (18 médailles d’or à eux deux !), auront à cœur de continuer à se disputer le dossard jaune. Ce duel royal pourrait être arbitré par un facteur X, ou plutôt un facteur bleu. Martin Fourcade doit faire avec une concurrence interne cette saison. Respectivement, 2ème, 4ème et 8ème du général, Quentin Fillon Maillet, Simon Desthieux et Emilien Jacquelin peuvent clairement viser les médailles en Italie. Le premier nommé, auteur d’une victoire remarquée sur la mass start de Pokljuka, a les moyens de viser un titre mondial. Pour les deux autres, si la réussite au tir est au rendez-vous, un podium sera envisageable.

Eckhoff et Wierer en favorites, la menace Oeberg et les bleues en arbitre ?

La lutte pour les titres mondiaux chez les dames s’annonce également passionnante. Forcément, si une favorite devait se dégager, c’est Tiril Eckhoff qui serait concernée. La norvégienne est la grande dame de ce début de saison. À part un début timide sur l’étape d’ouverture à Ostersund, elle plane sur cette Coupe du Monde avec pas moins de six victoires individuelles et un dossard jaune sur les épaules. Toujours aussi rapide sur les skis, Eckhoff doit son excellent début de saison à un tir devenu enfin régulier et qui fait clairement d’elle une candidate à la médaille d’or sur chaque course de ces championnats. Seul bémol, un souci de santé l’a obligé à quitter la dernière étape à Pokljuka avant son terme. Mais les deux semaines de coupure lui auront certainement permis d’être prête pour le mondial italien.

Une compétition qui a donc lieu sur les terres d’une autre favorite de ces mondiaux en la personne de Dorothea Wierer. La petite italienne, Championne du Monde en titre de la mass-start, aura les faveurs du public dans sa quête d’or… et elle en aura besoin. Moins impériale depuis l’étape de Ruhpolding mi-janvier, elle a perdu son dossard jaune au profit de sa rivale norvégienne mais aussi sa régularité au tir qui fait sa force habituellement. Si l’on ajoute à cela un conflit d’équipe qui a éclaté au grand jour avec sa compatriote Lisa Vittozzi, Wierer devra sortir le grand jeu pour remporter au moins un titre devant son public et poursuivre sa lutte pour le général.

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Une lutte pour laquelle Hanna Oeberg vient clairement de se déclarer candidate. Impériale depuis le début de l’année 2020, la suédoise est actuellement en pleine confiance et cela tombe bien pour elle à l’orée de ces Mondiaux italiens. Elle sera donc logiquement candidate aux médailles, tout comme les filles de l’équipe de France. Auteures de belles performances, mais irrégulières depuis le début de la saison, les bleues peuvent clairement viser les podiums, voire un titre sur une course d’un jour. Anaïs Bescond arrive en pleine forme sur un site qui lui a plutôt réussi par le passé, quand Julia Simon et Justine Braisaz ont prouvé depuis le début de la saison que lorsqu’elles sont à leur niveau de ski et de tir, pas grand-chose ne peut les arrêter. Les françaises seront donc à surveiller, notamment sur le relais, où elles restent sur une très belle performance à Ruhpolding (2ème).

Des outsiders prêts à dégainer.

Les bleues sont donc en quelque sorte des outsiders plus que des favorites mais elles ne seront pas les seules. Chez les dames, on pense en premier lieu aux fusées Marte Olsbu Roiseland et Denise Herrmann. Vainqueur chacune d’une course individuelle cette saison, la norvégienne et l’allemande, bien placées au général, pourront viser les podiums, voir même un titre, durant le séjour italien. Plus en dedans, depuis la reprise de janvier, Ingrid Tandrevold devra se servir de son excellent début de saison pour aller chercher un accessit. Il faudra également surveiller les revanchardes Kaisa Mäkäräinen et Lisa Vittozzi, qui malgré un début de saison compliqué, semblent revenir en forme au meilleur moment.

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Chez les hommes, il faudra se frayer un chemin entre les mastodontes du début de saison (voir plus haut) pour espérer quelque chose, mais ce n’est pas mission impossible. Ils n’ont en effet pas lâché grand-chose mais quand ce fut le cas, Benedikt Doll a réussi à en profiter (victorieux sur le sprint d’Annecy, trois podiums individuels). Nul doute que l’allemand sera à l’affut en cas de nouvelles opportunités. Si l’on excepte le russe Alexander Loginov, régulier dans les performances, mais qui semble un ton en dessous cette année pour la course aux médailles, il faudra se tourner vers la Norvège pour trouver d’autres outsiders. Tarjei Boe bien évidemment, auteur d’un excellent début de saison, mais également la jeunesse « Norsk » avec la triplette Bjoentegaard, Dale et Christiansen, prête à créer la surprise sur une des quatre courses individuelles au programme.

D’Ostersund à Antholz, les bleu(e)s ont soif de revanche.

Ramener quatre médailles d’un Championnat du Monde n’est pas une si mauvaise performance, pourtant, les Mondiaux d’Ostersund de l’année dernière avaient été plutôt vécus comme un petit échec pour les bleus. Aucun titre, des relais non médaillés et un Martin Fourcade passé à travers dans la lignée de sa saison 2018/2019. Tout cela avait noirci le tableau (8ème au classement des médailles) même si les deux breloques en bronze de Quentin Fillon Maillet (une pour Justine Braisaz) et celle en argent pour Antonin Guigonnat, sur l’incroyable mass-start de clôture, avaient permis de tempérer le bilan.

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Il est évident qu’un résultat similaire à Antholz cette année serait vécu comme un véritable échec pour les bleus au vu de leurs performances individuelles et collectives incroyables depuis la reprise fin novembre. Des titres sont attendus et pourquoi pas des podiums comprenant plusieurs tricolores médaillés comme cela est arrivé plusieurs fois depuis le début de la saison. C’est tout le mal que l’on peut leur souhaiter pour des bleus revanchards et qui voudront valider sur ces mondiaux la régularité de leur performance en Coupe du Monde.

La course à ne pas louper : le relais hommes.

Difficile de choisir une course car elles s’annoncent toutes passionnantes mais si une devait retenir notre attention, c’est bien le relais hommes. Le duel France / Norvège chez les hommes est omniprésent sur les courses individuelles depuis le début de la saison. Difficile d’annoncer un vainqueur pour le moment, mais le relais est un parfait arbitre de cette rivalité franco/norvégienne.

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Les quatre premières courses de ce format ont vu la Norvège s’imposer à trois reprises et la France une seule fois. Mais cette victoire bleue a eu lieu sur le dernier relais en date (à Ruhpolding) et a été un véritable chef d’œuvre collectif… devant la Norvège ! D’ailleurs, les trois courses non gagnées par les bleus se sont soldés au pire par une 3ème place. Bref, tous les ingrédients sont en place pour une explication haute en couleur sur ce relais entre les deux places fortes actuelles du biathlon mondial.

Début des championnats du monde ce jeudi 13 février avec le relais mixte (14h45).

Crédit photo : IBU