Championnats du Monde

Nove Mesto – Les Français en bronze sur le relais hommes

À la suite d’un dernier tir complètement renversant, la Suède est sacrée championne du monde de relais masculin devant la Norvège et la France.

La Norvège encore battue

Ils semblaient imbattables : ils se sont finalement inclinés. Pourtant impériaux en relais sur toutes les étapes de coupe du monde de la saison, les Norvégiens ont, pour la deuxième année consécutive, échoué à s’imposer en championnat du monde, à l’issue d’une course complètement folle. Certes, il y avait eu quelques motifs d’inquiétude sur le premier relais de Sturla Holm Laegreid. Après un premier tir couché correct, le récent champion du monde du sprint semblait touché et passait totalement à côté de son debout (4 pioches et un tour de pénalité). C’est avec 44 secondes de retard sur les étonnants Estoniens, et en 12ème position seulement, qu’il transmettait son relais à Tarjei Boe. Le Norvégien, fort de sa 2ème place sur l’individuel, affichait une envie sans égal pour revenir dans les hauteurs du classement. Après un tir couché impeccable, le plus âgé des frères Boe remonte à la 6ème place. Mieux : après son debout solide (2 pioches), il permet à son pays de virer en tête, devant la République Tchèque et la Suède.

Tarjei Boe (NOR) © Manzoni/NordicFocus

Rien de tel pour lancer Johannes Boe et le laisser s’envoler vers un titre auquel il a déjà goûté en 2021. Déjà paré d’or sur la poursuite et l’individuel, mais frustré par l’argent du relais mixte et le bronze du relais mixte simple, le Norvégien part en guerrier sur les pistes tchèques. Il pioche certes à deux reprises sur son tir couché. Mais le Suédois Martin Ponsiluoma, et virtuel 2ème juste devant l’Allemagne de Philipp Nawrath, en fait de même. Johannes Boe s’emploie également sur les skis pour creuser les écarts avant son 2ème passage sur le pas de tir. Il possède alors 21 secondes d’avance : il en aura même 30 sur l’équipe suédoise à l’issue d’un debout parfait.

Johannes Thingnes Boe (NOR) © Thibaut/NordicFocus.

Christiansen craque sous la pression

Le match semble plié à l’entrée en lice de Vetle Sjaastad Christiansen, surtout après son premier tir incroyablement maîtrisé. La minute qui le sépare du relayeur suédois Sebastian Samuelsson, qui ne parvient pas à refaire son retard après deux pioches, semble irrattrapable. La Norvège est à cinq cibles du bonheur suprême. Mais c’est sans compter un scénario totalement improbable, digne des plus grandes heures du biathlon. Le Norvégien part en effet à la faute à trois reprises. La pression de la victoire pèse après chacune de ses erreurs : Vetle Sjaastad Christiansen ne parviendra à en combler aucune. Ce sont donc trois tours de pénalité que le Norvégien devra s’infliger avant d’entamer le dernier tour. Un boulevard inespéré s’ouvre pour ses poursuivants, qui n’en demandaient pas tant.

Johannes Thingnes Boe (NOR) et Vetle Sjaastad Christiansen (NOR) © Manzoni/NordicFocus

Un titre qui se joue sur le dernier tir

Ils sont alors trois à pouvoir prétendre au titre suprême. Sebastian Samuelsson semble le mieux parti pour permettre à son pays, qui a jusque-là fait preuve d’une belle régularité, de devenir champion du monde pour la première fois. L’Allemagne de Benedikt Doll espère aussi tirer son épingle de son coude à coude avec Quentin Fillon-Maillet, qui rêve aussi d’or, lui qui s’en était déjà emparé l’an dernier. Le champion du monde français des deux relais mixtes de Nove Mesto pointe alors en troisième position, après un bon premier tir couché. Un retour incroyable pour l’équipe tricolore, après les relais décevants d’Eric Perrot (un tour de pénalité après son tir debout) et de Fabien Claude (deux tours après le couché), et qui doit son premier salut à Emilien Jacquelin. Ce dernier aurait pu fléchir sous le poids de l’enjeu et le souvenir du relais d’Oberhof, sur lequel il était passé totalement à côté. Le Français prouve qu’il faut toujours compter sur lui, en affichant une belle solidité sur chacun de ses tirs (trois pioches). Il permet à la France de repartir en 5ème position avant l’ultime relais.

Emilien Jacquelin (FRA), Quentin Fillon Maillet (FRA) © Manzoni/NordicFocus

La Suède, régulière et enfin titrée

Le suspense est haletant sur le pas de tir. La moindre erreur est fatale. Un seul réussit à ne pas trembler :  Sebastian Samuelsson, imperturbable et qui blanchit toutes ses cibles. C’est lui qui repart en tête. Quentin Fillon-Maillet, de son côté, manque une cible, qu’il blanchit toutefois aussitôt. En revanche, la pression est bien trop lourde pour Benedikt Doll, qui part à la faute à trois reprises.

Sebastian Samuelsson (SWE), Jesper Nelin (SWE), Martin Ponsiluoma (SWE), Victor Brandt (SWE) © Manzoni/NordicFocus

A l’issue de cet ultime tir, le titre est promis à la Suède. La médaille d’argent, elle, se jouera entre Quentin Fillon-Maillet et Vetle Sjaastad Christiansen, qui ressort après ses trois tours de pénalité avec 5 petites secondes de retard sur le Français. Le duel s’annonce intense. Il tourne finalement à l’avantage du second, plus fort sur les skis et qui se devait de relever la tête après son échec au tir. Si la médaille d’argent a une saveur amère pour les Norvégiens, celle de bronze française est beaucoup plus agréable et vient récompenser un travail collectif de l’équipe, jusque-là non médaillée individuellement.

Quentin Fillon Maillet (FRA), Eric Perrot (FRA), Fabien Claude (FRA), Emilien Jacquelin (FRA) © Thibaut/NordicFocus

Résultats

Crédit photo : Manzoni/NordicFocus