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Vincent Vittoz sur Martin Fourcade : « il y a des indicateurs qui sont rassurants »

L’équipe de France est actuellement en stage dans le Vercors, à Corrençon-en-Vercors pour un troisième rassemblement collectif depuis le début de la préparation estivale. L’occasion pour Vincent Vittoz, entraîneur de l’équipe masculine, de faire un point sur l’état de forme de Martin Fourcade.

Vous avez choisi avec Martin Fourcade de faire une longue coupure à l’intersaison, comment cela s’est passé ?
On a vraiment fait le choix de faire un gros break. On a pris le temps à Oslo (dernière étape de Coupe du monde) de bien discuter. Jusqu’au 15 mai, on a coupé les ponts. Je n’ai pas cherché à le contacter car on voulait qu’il ait une certaine décompression. C’était important qu’il n’ait pas forcément de contact avec son staff pendant deux mois pour bien se régénérer.

Vous le trouvez comment depuis la reprise ?
Bizarrement, il est arrivé encore un peu marqué. Je trouve que ce mois de reprise, le fait de reprendre un certain rythme d’entraînement avec la rigueur qui s’impose, lui a fait du bien. À son retour (mi-mai), physiquement, il était loin du compte. Il a fallu qu’il accepte d’être à un niveau en dessous. Mais il s’est surpris à ne pas être si loin de ses collègues. Là, on a retrouvé un Martin qui est bien, qui n’est pas exceptionnel, mais je trouve qu’il y a des indicateurs qui sont rassurants. On sent qu’il arrive sur ce stage dans de bien meilleures dispositions qu’il y a trois semaines.

Avez-vous pu identifier ce qui n’a pas marché pour lui la saison dernière ?
Ça s’est joué à peu de choses. En début de saison, sur les temps de skis, on n’était pas si loin que ça. Ça ressemblait à peu près à ce qu’il faisait l’année d’avant. Malgré tout, il y a eu des couacs. Et ce sont ces couacs qui ont fait qu’au mois de janvier, la mécanique s’est grippée. Il a commencé à trop réfléchir à l’entraînement. C’est surtout mentalement qu’il a puisé, il s’est usé à chercher des sensations. C’est simplement une dynamique qui s’est inversée par rapport à ce qu’il connaissait. Avant, il arrivait à tirer du positif de son hiver pour être de plus en plus fort au fil des courses. Là, ç’a été un peu l’inverse. C’était quelque chose qu’il ne connaissait pas, avec un encadrement qui ne le connaissait pas. On a commis certainement des erreurs. On ne l’a peut-être pas assez guidé précisément dans toute la préparation, moi le premier. Au final, la dynamique n’a pas été aussi bonne qu’espérée.

Vous allez adapter un fonctionnement particulier pour lui ?
On essaie de le faire pour chaque athlète. Là, on a un niveau d’athlètes assez dense. Ça permet de mettre en place des programmes relativement proches mais notre rôle c’est vraiment d’écouter chaque athlète. On a retenu certaines leçons. Martin a peut-être besoin d’un cadre plus important que ce que je pouvais m’imaginer l’année dernière. J’ai appris à le connaître. Il a un tempérament un peu joueur. Il aime être devant sur les séances et peut-être que l’année dernière, il a trop souvent voulu jouer. Par méconnaissance, j’ai peut-être laissé un peu trop faire. On mettra un peu plus le frein, ce que faisait très bien Stéphane (Bouthiaux, ex-entraîneur de l’équipe de France devenu responsable de l’équipe), parce qu’il le connaissait bien. Moi je l’ai laissé un peu plus faire. Le cadre sera plus rigoureux cette année.

Crédit photo : SkiChrono