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L’interdiction du fluor : une mauvaise nouvelle pour les petites nations ?

Dorothea Wierer en jaune - IBU

L’interdiction du fluor inquiète pas mal de monde, dont Dorothea Wierer, sur l’avenir des petites nations du biathlon.

« Il y aura des résultats plutôt moches si nous voulons le voir avec un regard extérieur. Nous devons agir », a déclaré l’entraîneur de l’équipe nationale tchèque Egil Gjelland pour la NRK.

« Si nous voulons réduire l’écart avec la Norvège nous devons trouver de nouvelles manières d’y arriver. »

La double tenante du gros globe, Dorothea Wierer, estime qu’une domination norvégienne la saison prochaine pourrait être dramatique.

« Le danger est que les pays avec peu de budget pourraient disparaître. Il est important pour le sport que ça ne soit pas seulement les grosses nations qui puissent se battre pour une place sur le podium. »

La Norvège s’inquiète elle aussi

Le Norvégien Tarjei Boe, grand habitué à la confrontation avec des plus petites nations, partage cet avis.

« Les plus petites nations font face à de grands défis, ils ont moins d’argent et moins de connaissances. L’interdiction du fluor est une bonne chose pour l’environnement. Mais il n’est pas certain qu’elle le soit pour tout le monde. »

Le souci est qu’il sera plus dur de préparer des skis rapides sans fluor. Sans cela, l’exigence d’une préparation irréprochable devient beaucoup plus importante.

« Le fluor fonctionne de telle manière que si vous en posez sur des skis, le ski sera meilleur de toute façon. Il ne vous reste plus qu’à affûter correctement la semelle de ski et à utiliser d’autres produits antidérapants. Alors je pense que nous irons mieux. »

Pays le plus médaillé de l’histoire des JO d’hiver, la Norvège possède une immense base de connaissance en matière de glisse. À titre d’exemple, la Norvège a dans ses rangs pas moins de huit techniciens qui travaillent dix mois par an alors que l’Italie n’en compte que cinq, travaillant de novembre à avril.

Ainsi, le responsable norvégien de la cellule de fartage, Tobias Dahl Fenre, pense que plusieurs nations n’ont pas assez de budget pour donner la priorité à leur cellule de fartage.

« À vrai dire, ce sera bientôt le dernier des soucis budgétaires pour certains pays. Il y a quelques temps la Norvège a eu du mal à glisser les skis, la clé était de coopérer entre les disciplines de ski. De plus nous avons de grosses exigences envers nos techniciens. »

Cet hiver, la Norvège peut surclasser ses concurrents sur tous les types de neige estime Egil Gjelland. Un avis également partagé par le directeur de la cellule de fartage italienne, Giacomo Tiraboschi.

Un scénario inenvisageable pour tout le monde

De façon à éviter un scénario catastrophe, l’entraîneur de l’équipe nationale tchèque travaille dur pour copier le modèle à succès norvégien. Cependant, il n’essaiera pas d’attirer des techniciens scandinaves en leur offrant un meilleur salaire qu’ils n’ont aujourd’hui.

« De piquer les gens qui ont développé un bon système et les attirer dans autre chose, ce n’est pas dans nos habitudes. »

Dans le pire des scénarios, le biathlon pourrait se restreindre à un club très fermé de nations ayant les moyens d’en faire partie. Un scénario qui ne plairait pas aux frères Boe.

« Si cela se produit, ce serait malheureux », a déclaré le double tenant du gros globe.

« Je ne l’espère pas. Le biathlon a de plus en plus de succès dans la culture populaire », estime quant à lui son aîné.

Crédit photo : IBU