Après plusieurs saisons au sein des collectifs bleus, Jacques Jefferies n’a pas été retenu dans les sélections françaises en vue de la prochaine saison. Le Haut-Savoyard de 22 ans entame la préparation toujours aussi déterminé.
Les sélections françaises sont sorties il y a quelques jours. Malheureusement, tu ne fais plus partie des groupes nationaux. On imagine que c’est une grande déception pour toi…
Oui c’est une grande déception. Mon dernier hiver n’a pas été incroyable. J’avais des objectifs, je ne les ai pas atteints. Mais il y a quand même eu de bons résultats, des podiums, des belles sélections. Donc quand tu as apprends que tu n’es pas dans la sélection pour la saison prochaine, tu prends un petit coup sur la tête. La journée où tu l’apprends c’est embêtant, les journées qui suivent tu te demandes ce que tu vas faire l’hiver à venir. Et puis petit à petit tu relativises. Je n’ai pas un projet sur un hiver mais à long terme. Les hauts et les bas font partie de ce genre de projet.
À aucun moment j’ai pensé à arrêter.
Jacques Jefferies
T’attendais-tu à ne pas être dans ces sélections ?
Ce n’était pas une surprise. Je connais les exigences des cadres de la fédération. Ils veulent qu’un athlète de mon âge soit sur le circuit IBU Cup régulièrement. Je n’y suis pas monté une seule fois. Je ne m’attendais pas à être pris à 100% mais c’est toujours la surprise car tu te dis qu’il y a toujours une chance. Quand je compare mes résultats par rapport à d’autres athlètes autour de moi, je me dis que mes résultats n’étaient pas si mauvais que ça.
Est-ce que ces derniers jours t’ont remis en question sur la suite de ta carrière ?
À aucun moment j’ai pensé à arrêter. Rien n’a été remis en question à la suite de la dernière saison. C’est sûr qu’on se demande ce que j’aurais pu faire de mieux pour être à un meilleur niveau.
Je me suis rapproché d’un préparateur mental début janvier pour essayer de m’aider à parler de moi, d’essayer de creuser où était le problème.
Jacques Jefferies
Cette non-sélection est le résultat d’une dernière saison qui n’a pas répondu à tes attentes. Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné ?
Je n’étais pas prêt pour deux jours de course début novembre (les sélections de Bessans, ndlr). Les coachs nous disaient : « soit tu es bon sur ces sélections IBU Cup, ou tu ne remonteras pas en IBU Cup de l’hiver ». J’ai eu trois jours pour être prêt, malheureusement je ne l’étais pas. Mentalement je me suis mis beaucoup de pression et je n’ai pas réussi à gérer les courses comme il fallait. Et puis je n’ai plus eu l’opportunité de jouer une sélection IBU Cup car il fallait que je sois en France pour espérer faire les Mondiaux juniors. On m’a privé de pouvoir jouer l’IBU Cup directement après les sélections de Bessans.
Il y a eu du beau travail quand même. En termes de statistiques de tir, si on enlève mes tirs du début de saison, je tire mieux que les hivers précédents. Techniquement c’est mieux aussi. Mais j’ai mis du temps à me mettre dedans. Il y a une grosse partie mentale, c’est pour ça que je me suis rapproché d’un préparateur mental début janvier pour essayer de m’aider à parler de moi, d’essayer de creuser où était le problème. Il m’a beaucoup aidé. Je peux le conseiller à tout le monde, même s’ils n’en ressentent pas forcément le besoin. C’est important de trouver quelqu’un avec qui on s’entend bien, qui nous comprend. On a réussi à cibler le problème.
Ce n’est pas parce que je ne suis pas en équipe de France cet été que mes objectifs changent.
Jacques Jefferies
En fin de saison, tu as pris part à tes derniers mondiaux juniors à Otepaeae. Tu es reparti d’Estonie avec une belle médaille de bronze.
Je voulais un podium individuel aux mondiaux juniors, je n’ai pas réussi à l’avoir. Mais quand on regarde sur les quatre dernières années aux mondiaux juniors, cette année a été la meilleure avec notamment deux tops 15 individuels. Je ne m’attendais pas forcément à conclure le relais hommes étant donné que Valentin (Lejeune) et Théo (Guiraud-Poillot) étaient plus solides que moi au tir. Au final ça m’a permis de prendre le relais en tête avec le Norvégien Isak Frey. J’étais content car sur les skis je ne perdais pas tant de temps que ça. Il y a malheureusement ce tir debout avec un tour de pénalité, c’est moche. Ce n’est pas ça qu’on cherche sur un relais en biathlon. Le podium fait vraiment du bien (bronze, ndlr), mais individuellement je n’étais pas très content de ma performance.
Comment va se passer ta préparation ces prochains mois en dehors des collectifs bleus ?
Il y a eu beaucoup de réflexion. Il y a des équipes d’entraînement un peu partout, en Norvège, en Allemagne qui sont top et qui adorent accueillir des athlètes d’autres nations. Au final je suis content d’avoir fait le choix de me rapproché de mon coach de comité. Je fais partie du team Haute-Savoie Nordic qui a été mis en place pour les athlètes post-bac, appartenant au comité de ski du Mont-Blanc. On a autant de jours de stage que ce que j’aurais eu avec les équipes de France. En termes de soutien c’est vraiment top, j’ai vraiment hâte de réattaquer l’entraînement avec eux. Ce n’est pas parce que je ne suis pas en équipe de France cet été que mes objectifs changent.
Crédit photo : Thibaut/NordicFocus