Entre coups de massue et coups d’éclat, Émilien Jacquelin a atteint l’objectif qu’il s’était fixé durant l’intersaison : conserver sa couronne mondiale de la poursuite.
Émilien Jacquelin doré et en pleine évolution
Après une dernière saison où il a explosé aux yeux du grand public, et qui a vu le départ de Martin Fourcade, Émilien Jacquelin abordait l’exercice 2020-2021 en tant que taulier du clan tricolore. Si le Villardien a eu du mal à relancer la machine au début de la préparation, il a très vite retrouvé la motivation avec un objectif en tête : conserver son titre mondial de la poursuite acquis à Antholz en 2020. Avec également l’envie de jouer plus régulièrement les premiers rôles en se positionnant dans « le top 3 du classement général », Émilien Jacquelin va bien accomplir sa mission à Pokljuka, dans une saison où il a connu des fortunes diverses.

Imprévisible. Peut-être le terme qui définit le mieux Émilien Jacquelin. Tout au long des quatre mois de compétition, le tricolore va tout connaître. Des performances de haut vol : deux nouveaux duels en piste remportés face à Johannes Boe sur la poursuite d’Hochfilzen et le relais hommes d’Antholz. Sa victoire éclatante sur le mixte simple avec Julia Simon à Oberhof. Un podium obtenu au forceps sur la poursuite de Nove Mesto. Sa très belle médaille de bronze sur le sprint des Mondiaux derrière Simon Desthieux. Et bien évidemment ce titre de champion du monde conservé après une prestation tout à fait exceptionnelle, saluée de tous.
On peut attaquer sur un ou deux tirs mais attaquer sur le dernier comme il vient de le faire, c’est impressionnant ! C’est probablement le plus beau tir en biathlon que l’on ait jamais vu.
Johannes Boe après la poursuite des Mondiaux.
Mais aussi d’immenses désillusions avec quelques trous noirs cet hiver. C’était le cas sur le mois de décembre en passant complètement à côté de son sujet sur les premiers relais de la saison. Visitant l’anneau de pénalité à Kontiolahti, puis à Hochfilzen, le Villardien avait demandé à ne plus faire partie des futures compositions. Si les prochains relais se passeront sans embûche, il retombera dans ses travers à Nove Mesto en ne blanchissant qu’une seule cible. Une grosse craquante qu’il connaîtra également sur le plan individuel, avec ses cinq fautes sur le deuxième couché de la mass-start des Mondiaux. Imprévisible sur le pas de tir, mais aussi en piste, auteur de quelques chutes, dont à Oberhof, en tête à mi-parcours, où il cassera sa carabine. Un nouvel hiver renversant pour Émilien Jacquelin.

S’il ne peut pas s’empêcher de faire quelques tirs à la « Lucky Luke », le Villardien commence peu à peu à poser son tir. Une première balle lâchée plus tardivement qui lui a permis de gagner en efficacité derrière son matériel, malgré certaines absences. Septième mondial, deux places de perdues sur l’hiver précédent, Émilien Jacquelin est en pleine mutation pour essayer de devenir un biathlète complet, capable de s’inviter un jour dans la lutte pour le gros globe.
Sa course de la saison
Comment ne pas citer la poursuite des Mondiaux de Pokljuka ? Idéalement placé après le sprint remporté par Martin Ponsiluoma, Émilien Jacquelin va offrir aux fans de biathlon une performance aussi rare qu’exceptionnelle. Sûr de son sujet en piste, le Français va nous gratifier de tirs dont lui seul a le secret. Des tirs debout en 17 secondes, et la plupart dans le couché, le Français était ce jour-là sur une autre planète pour conserver son beau dossard doré.

Émilien Jacquelin en chiffres :
L’or olympique dans le viseur
Émilien Jacquelin l’a démontré ces deux dernières saisons. C’est un homme de grand rendez-vous. Si sa volonté est de devenir plus régulier pour jouer le général, il est certain que le Villardien voudra réaliser un gros coup en février prochain à Pékin. Roi de la poursuite, on imagine bien que cette course lors des Jeux Olympiques sera dans son viseur pour rester, et devenir encore plus, le maître incontesté de la spécialité. Peut-être encore un peu tendre pour le gros globe, un petit globe sera dans ses cordes, et pourquoi pas récupérer celui de la poursuite perdu cet hiver au profit de Sturla Holm Laegreid.
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Crédit photo : Kevin Voigt