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Docteur Émilien et Mister Jacquelin

Émilien Jacquelin a rythmé la première partie de saison par ses exploits mais aussi par ses craquantes et ses chutes. Un sacré caractère de la part du Villardien, pour le meilleur et pour le pire…

 C’est vrai que parfois je peux être un peu sanguin sur la piste.

Émilien Jacquelin après la mass start d’Oberhof en janvier.

Par cette phrase, Émilien Jacquelin résume bien son état d’esprit lorsqu’il prend le départ d’une course. Jamais aussi fort que lorsqu’il est à la bagarre, l’Isérois a fait vivre pas mal d’émotions à ses supporters depuis le début de la saison en cours.

Pour le meilleur, on retiendra bien évidemment ses deux magnifiques derniers tours face à Johannes Boe. Un premier sur la deuxième poursuite d’Hochfilzen, qui lui a permis d’aller chercher une seconde place et bien sûr celui où il a décroché la victoire sur le relais hommes dans un dernier tour d’anthologie face à son rival norvégien.

Émilien Jacquelin - Kevin Voigt
Copyright: VOIGT Fotografie

Pour le pire, difficile d’oublier ses deux chutes et sa double craquante sur les relais hommes. Des chutes marquantes dans un emballage final où sur une erreur d’inattention en bas d’une descente mais qui ont un gros impact sur son classement final. Des craquantes en relais qui ont eu également de lourdes conséquences pour les résultats de l’Équipe de France.

Un biathlète qui détonne dans l’univers feutré du biathlon.

En tout cas, avec l’Isérois, on ne s’ennuie jamais ! Évoquons d’abord ses chutes. La première est intervenue dans le sprint final de la mass-start d’Hochfilzen. En liste pour aller chercher le podium, il tombe au contact de Tarjei Boe et ne terminera que cinquième sur la ligne d’arrivée. À chaud le champion du monde en titre de la poursuite est assez remonté :

Ce n’est pas normal de se retrouver à tomber avec le ski de l’adversaire au milieu de ses jambes. C’est pas normal, je pense qu’il a serré.

Mais quelques minutes plus tard, la température redescendra, et le tricolore rendra même un bel hommage à son adversaire Norvégien devant les caméras de la Chaîne l’Équipe :

Il est comme ça Émilien Jacquelin, un compétiteur dans l’âme mais aussi un athlète qui sait reconnaître ses erreurs. Quelques semaines plus tard à Oberhof, il est seul en tête de la mass start après les deux premiers tirs. Une demi-seconde d’inattention et c’est une chute en bas d’une descente, dans un virage. Résultat : carabine cassée, jambes coupées et un retour dans le peloton de tête mouvementé.

Voulant remonter le peloton d’une manière un peu cavalière, il se fera tasser par le Suisse Benjamin Weger puis sera rappelé à l’ordre par le vétéran Erik Lesser lui demandant de surveiller son comportement. À la fin de la course, le Villardien reconnaîtra avec le sourire qu’il s’est battu avec pas mal de monde sur cette mass-start :

Ça fait partie du sport. Si tout était tranquille, sympathique… ce n’est pas ça le sport de haut niveau. Il y a des belles valeurs mais aussi des moments durs. Il faut l’accepter aussi, pour eux, comme pour moi.

Deux relais manqués mais une réponse parfaite.
Émilien Jacquelin - EXPA/Adelsberger via VOIGT Fotografie
Copyright : EXPA/Adelsberger via VOIGT Fotografie

Mais le biathlon est aussi un sport qui se joue sur le pas de tir. Connu pour ses tirs rapides, Émilien Jacquelin a connu deux grosses mésaventures sur les relais hommes. Sur les deux premières épreuves de la saison dans ce format à Kontiolahti et Hochfilzen, il connaît une craquante importante. Parti en première position en Finlande, il sera pénalisé de trois anneaux, enterrant les espoirs de son équipe (8ème place finale).

Bis repetita en Autriche. Parti en deuxième relayeur cette fois-ci, il sera aussi sanctionné de trois tours de pénalité sur le debout et la France ne terminera que cinquième de la course. Un affront pour l’Isérois au sein d’une équipe championne du monde en titre. Mais encore une fois, le biathlète tricolore va répondre à l’orgueil à ses contre performances.

Placé en dernière position sur les relais d’Oberhof et d’Antholz, il ira chercher la victoire pour les copains. En Allemagne, il gérera l’avance prise par ses coéquipiers et le retour de la fusée Johannes Boe dans le dernier tour. En Italie, il se rappellera au bon souvenir de son dernier tour sur la poursuite des Mondiaux 2020, au même endroit, pour réaliser un dernier tour tactique et d’anthologie face au numéro un mondial.

Quel visage aux Mondiaux de Pokljuka ?

Preuve s’il en est qu’Émilien Jacquelin n’est jamais aussi fort que lorsque la ligne d’arrivée se rapproche. On peut également citer dans ses exploits 2020/2021 plusieurs exemples. Tout d’abord, comment oublier la bombe lâchée par le Villardien sur la deuxième poursuite d’Hochfilzen ? En bagarre pour la deuxième place, il placera une attaque en deux temps pour faire craquer ses adversaires et aller chercher cette seconde position.

Sur le relais simple mixte d’Oberhof, il conclura en beauté le travail de sa compatriote Julia Simon avec un dernier 10/10 éclair et une victoire au bout du compte. Des exemples parmi tant d’autres, qui prouvent bien que le tricolore est capable du pire mais aussi du meilleur grâce à un talent et un orgueil sans faille. Alors quel visage arborera le double champion du monde en Slovénie dans une semaine pour l’ouverture des Mondiaux ? Difficile à dire, mais force est de constater qu’il n’a pas fini de jouer avec les nerfs du staff de l’Équipe de France et de ses supporters… Tant mieux non ?

Crédit photo : Kevin Voigt