Coupe du Monde

Bilan – Dans les skis de… Émilien Jacquelin

Quelle progression pour le biathlète de Villard de Lans ! Titres mondiaux, de nombreux podiums, une cinquième place finale au général et une marge de progression qui laisse augurer un avenir radieux pour le jeune français.

Un exercice de haute volée

Vingt-quatrième du général de l’exercice précédent, Émilien Jacquelin avait déjà franchi un cap la saison dernière, en montant notamment sur ces deux premiers podiums de Coupe du Monde en relais. Mais cet hiver, le Grenoblois d’origine est passé dans une autre dimension. Des temps de ski qui progressent et un tir toujours aussi rapide mais une fiabilité derrière la carabine qui devient de plus en plus constante. De 81% de taux de réussite l’année dernière, il est passé à 85% cette saison lui permettant de réaliser de nombreuses performances tout au long de la saison.

Au pied du podium de l’incroyable quadruplé français sur l’individuel d’Ostersund, il ira chercher sa première « boîte » la semaine suivante sur la poursuite d’Hochfilzen. Le début d’une collection qu’il va agrémenter de pas moins de six nouveaux podiums individuels dont trois consécutifs en fin de saison. Cinquième du général au crépuscule de cette saison et le petit globe de la poursuite en poche, il va connaître également une parenthèse enchantée lors des Mondiaux d’Antholz.

Champion du Monde de relais avec ses copains de l’équipe de France, il va également aller chercher l’or tout seul comme un grand sur la poursuite au terme d’un final haletant (voir plus bas), remportant au passage son premier succès en Coupe du Monde. En allant chercher également le bronze sur la mass start et le relais simple mixte avec Anaïs Bescond, il terminera le Français le plus médaillé de ces mondiaux italiens. Un point d’orgue à une saison vraiment réussie.

Sa course de la saison

Remporter sa première victoire individuelle en Coupe du Monde est toujours un moment particulier pour un biathlète. Mais quand ce succès se déroule sur un Championnat du Monde et que vous le couplez donc à une médaille d’or, ce moment devient magique. Cet exploit, Émilien Jacquelin est allé le chercher au terme d’un dernier tour de folie face à ce qui se fait de mieux à l’heure actuelle, Johannes Boe.

©IBU

Au départ de la poursuite d’Antholz, le Français s’élance en sixième position avec une trentaine de secondes de retard sur le vainqueur du sprint Alexander Loginov. À l’issue du quatrième tir, Émilien Jacquelin blanchit ses cinq dernières cibles (pour un 20/20) tout comme Johannes Boe. Le dernier tour se transforme en mano à mano entre les deux biathlètes qui se cherchent, se jaugent et tel un vieux roublard, le jeune français maîtrise son adversaire sur le sprint final pour aller chercher le Graal. Émilien Jacquelin vient de rentrer dans la cour des grands.

Émilien en chiffres
L’héritier de Martin Fourcade ?

Forcément, à 24 ans et après une telle saison, le biathlète de Villard de Lans ne peut plus se cacher. Sa fin d’exercice en boulet de canon ouvre de très belles perspectives pour l’avenir quand certains observateurs en font même l’héritier de Martin Fourcade. Même si le nouveau Champion du Monde de la poursuite semble imperméable à la pression, ce statut ne sera pas facile à assumer. Il pourra compter sur la densité exceptionnelle du collectif français pour continuer à progresser et pourquoi pas ambitionner les sommets du général dans les années à venir.

Mais attention, à l’image de son oubli de bâton après son passage au tir debout sur le relais des Mondiaux ou encore sa nouvelle « cagade » sur le relais de Nove Mesto où il a carrément omis de tirer une balle, pénalisant son équipe de deux minutes, Émilien Jacquelin devra montrer plus de concentration pour jouer les premiers rôles à l’avenir. Commettre de telles erreurs n’est pas compatible avec l’ambition de gagner le général de la Coupe du Monde.

Crédit photo : IBU