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Martin Fourcade : « J’ai envie de me battre tous les jours pour la gagne »

À l’occasion de la présentation des équipes de France à Paris aujourd’hui, Martin Fourcade a affiché son envie de rejouer devant, tout en restant prudent. Le septuple vainqueur du gros globe indique également qu’il ne continuera pas après les JO de Pékin 2022.

Vous avez repris l’entraînement depuis le mois de juin, où en êtes-vous ?
J’ai la chance d’avoir encore trois semaines de travail devant moi pour peaufiner les derniers réglages. Je suis excité de remonter sur les skis et de retrouver la compétition, mes adversaires. J’ai pris un peu plus de temps avant de reprendre les grosses intensités. Pour l’instant, je suis content de ma préparation et de ce que j’ai mis en place. Mais c’était le cas aussi l’année dernière et on sait comment ça s’est terminé. Donc j’essaie de ne pas trop me projeter. J’essaie de prendre les choses au jour le jour pour ne pas être déçu. Mais aussi afin de ne pas me freiner et être ambitieux. C’est une stratégie double pour être le plus serein possible et ne pas reproduire les erreurs de l’an passé.

Martin Fourcade à l’entraînement cet été sur le pas de tir de Corrençon-en-Vercors © Jacques Mignerey

Avez-vous identifié d’où provenaient les soucis que vous avez rencontré ? 
Il y a plein de choses. Je n’ai pas pris le temps de me reposer assez après les JO. Je voulais montrer de belles choses à l’entrainement avec un nouvel entraineur (Vincent Vittoz). Je suis allé plus vite, plus loin et plus fort. Je suis arrivé à l’entame de l’hiver un peu en bout de course et en manque de fraîcheur.

Quelles sont vos sensations à l’entraînement ?
C’est compliqué à dire. Il y a des jours où je me sens très bien, d’autres moins bien. On a eu une première étape avec les Championnats de France de ski-roues qui m’ont donné de bons repères. Le premier jour, j’étais derrière Quentin qui est troisième mondial et le second jour je suis devant, c’est plutôt rassurant sur ma possibilité de me battre pour le haut niveau. Mais l’an dernier, j’étais loin devant à l’entraînement et on sait comment s’est passé l’hiver. Je ne peux pas faire de pronostics mais, si j’étais inquiet, je ne serais pas là aujourd’hui à répondre à vos questions.

Martin Fourcade deuxième du sprint court de Prémanon derrière Quentin Fillon-Maillet © FFS

Vous repartez donc pour jouer devant.
Johannes Boe a fait une saison exceptionnelle l’an dernier et s’il réalise la même saison, il faudra que je sois à mon meilleur niveau pour prétendre à la victoire. Je ne me projette pas là-dessus. J’ai envie de me battre tous les jours pour la gagne. L’hiver me guidera à faire une impasse ou non pour être plus prêt pour les Championnats du monde ou faire toute la Coupe du monde car je joue le classement général. Là, avec l’hiver que j’ai fait, je ne peux pas me projeter.

Martin Fourcade dans les skis de Johannes Boe sur le sprint de Nove Mesto © Andrei Ivanov

Après les JO de Pyeongchang en 2018, vous aviez annoncé que vous continueriez votre carrière au moins jusqu’en 2020, où en est votre réflexion ?
Je suis fidèle à ma stratégie que j’ai depuis Pyeongchang. Je ne pouvais pas me projeter sur quatre ans. J’ai fait le choix de me projeter sur deux ans avec les Mondiaux d’Antholz-Anterselva (12-23 février 2020) cette année. Je ferai le bilan à la fin de saison pour savoir si je poursuis l’aventure ou pas, même si je sais que je ne continuerai pas après les Jeux Olympiques de Pékin. Continuer à faire le sport que j’aime, à être performant sur les skis, voir que j’arrive encore à progresser, vivre une superbe aventure avec l’équipe, ce sont plein de choses qui pourraient me faire retarder un maximum mon entrée dans la vie active. Mais il y a aussi des choses qui me poussent de l’autre côté, comme mes deux filles qui m’attendent à la maison. J’aimerais vouloir donner une réponse mais je ne l’ai pas et je ne l’aurai pas avant de la fin de l’hiver car j’ai besoin de ce cheminement. Et avec la saison dernière qui a été étrange, j’ai encore moins de réponses. J’essaie de ne pas trop réfléchir à ce qu’il va se passer après la saison, je me laisse guider. Pour l’instant je suis concentré sur la saison avec l’envie de bien faire.

Interview réalisée par nos confrères de L’Équipe et Ski Chrono.