Jacques Jefferies fait partie des nouveaux ambassadeurs de l’IBU en charge de répondre aux questions de la protection de l’environnement dans le biathlon. Le Haut-Savoyard se confie sur son nouveau rôle.
Jacques Jefferies, biathlète engagé
Il y a quelques semaines, la fédération internationale de biathlon annonçait la sélection de nouveaux athlètes ambassadeurs pour la période 2023-2025. Des biathlètes, en activité ou retraités, s’engageant dans : l’intégrité de la discipline (lutte antidopage,…), l’égalité des sexes et la protection de l’environnement. Membre de l’équipe de France relève, Jacques Jefferies, accompagné de Thierry Langer (Belgique), Jules Burnotte (Canada), Maya Cloetens (Belgique) et Ukaleq Slettemark (Groenland), travaillera ces prochaines années sur les questions de la protection de l’environnement dans sa discipline.
Une cause qui n’a jamais été aussi importante qu’actuellement avec le changement climatique qui impacte directement le biathlon. Se sentant très concerné par cette initiative lancée par l’IBU en 2020, dans le cadre du plan stratégique “Target 26”, le biathlète des Gets âgé de 21 ans est fier de se lancer dans ce nouveau projet. Une première réunion a déjà eu lieu récemment entre tous les ambassadeurs…
“Cette idée d’ambassadeurs date d’il y a trois ans. Quand j’ai vu ça, c’était ma première année au sein de l’équipe de France. J’étais déjà très attiré par cette démarche, que les athlètes puissent apporter leurs propres connaissances et agir directement pour leur sport. À la fin des Mondiaux d’Oberhof, ils ont ouvert les candidatures pour élire de nouveaux ambassadeurs. C’était ouvert à tous les athlètes de l’IBU. J’ai déposé ma candidature et deux mois plus tard j’ai eu la très belle nouvelle que j’ai été choisi dans le domaine que je voulais (protection de l’environnement, ndlr). Je suis très fier.”
“Nous avons déjà eu une première réunion avec tous les ambassadeurs, pour discuter du projet général, savoir comment ça allait se passer. Puis le groupe « protection de l’environnement » s’est retrouvé une première fois pour voir ce qui avait été fait par les ambassadeurs précédents, pour donner des premières propositions et voir ce qu’on pouvait faire par la suite.”
“Il y a de belles marges de progression”
Jacques Jefferies a fait sa première apparition sur la scène internationale en février 2021, à l’occasion des championnats du monde jeunes d’Obertilliach. Fort de deux années d’expérience entre la Junior Cup et l’IBU Cup à présent, le Tricolore a pu se rendre compte de certaines pratiques sur le circuit qui seraient importantes à modifier dans l’avenir.
“On passe beaucoup de temps sur le circuit international, on se rend compte de certaines choses. Pour certaines choses, l’IBU est très forte pour l’environnement et pour d’autres elle pioche beaucoup. Par exemple pour le « biathlon family », là où les athlètes mangent entre les courses, ce sont souvent des produits qu’on va chercher très loin, qui ne sont pas locaux. Ils nous servent parfois du pain emballé dans du plastique, on voit que ce n’est pas recyclé. C’est plein de petits trucs qui au final vont permettre de rendre le biathlon meilleur pour l’environnement.”
“À Haanja (Estonie) et Madona (Lettonie) l’hiver dernier, les cabanes de fartage pour les techniciens étaient alimentées par des grands générateurs diesel qu’on entendait tourner au fond du parking. Il y a de belles marges de progression qu’on peut avoir.”
Le biathlon a du plomb dans l’aile
Ces dernières années, plusieurs dossiers “brûlants” se sont retrouvés sur le bureau de l’IBU. Tout d’abord l’interdiction des farts fluorés, qui entrera enfin en vigueur cet hiver après plusieurs années de report suite à la non-fiabilité de la machine à détecter le fluor. Mais aussi un dossier toujours d’actualité, le plomb dans les balles. En effet, si l’usage de munitions au plomb est désormais interdit dans les zones humides de l’Union Européenne, le rayon d’interdiction pourrait être élargi prochainement, impactant le biathlon. Comme nous confie Jacques Jefferies, l’IBU s’est également fixée deux gros objectifs à atteindre d’ici 2030 et 2050.
“C’est un bon choix (la suppression du fluor, ndlr). Tout d’abord pour la santé des techniciens qui respiraient les fumées générés par le fart déposé sur les skis. Puis ensuite pour tous les petits résidus qui restent dans la neige et ruissellent dans l’eau et ainsi de suite. Mais il va y avoir aussi un grand sujet, le plomb dans les balles. C’est encore beaucoup plus problématique, car si pour le fluor on peut trouver des alternatives assez rapidement, pour le plomb c’est plus compliqué. Le plomb c’est un aspect essentiel du départ des balles. Il faut trouver des moyens de mieux encadrer ça sur un pas de tir, de récupérer le plomb qui est éjecté au moment du tir, ce qui touche la cible, réussir à mieux le récupérer et que ça ne finisse pas dans la nature.”
“L’IBU a de gros objectifs. D’être neutre en carbone d’ici 2030 et en 2050, au plus tard, avoir zéro émission de carbone au sein des évènements IBU. Ça se fera avec beaucoup de travail et un gros effort collectif.”
Actuellement en stage avec le groupe relève à Prémanon, Jacques Jefferies a programmé avec ses collègues ambassadeurs une seconde réunion d’ici la fin de l’été.
Crédit photo : Manzoni/NordicFocus