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Anne-Sophie Bernadi : « J’ai une forme de fascination pour ce que les athlètes endurent. »

Bien plus que de le commenter, elle vit le biathlon avec une fougue qui anime régulièrement nos fins de semaines hivernales. Epaulée par Alexis Bœuf et Tangi Kerhoas, elle forme un trio apprécié sur la chaîne l’Équipe qu’il nous tarde de retrouver dans peu de temps maintenant. Anne-Sophie Bernadi a eu la gentillesse de nous livrer ses sentiments à propos de notre sport favori.

Vous faites maintenant partie de nos week-end d’hiver pour la 3ème année. La pression commence t’elle à monter avec le début de saison qui approche à grands pas ?

Je ne parlerai pas de pression mais plutôt d’excitation ! Nous sommes à 5 semaines du coup d’envoi de la saison et c’est l’impatience qui domine. Je vais sur le site de l’IBU et je réponds à « alors, ça commence quand ? » dix fois par jour ! Je trépigne ! J’ai terriblement hâte de me replonger dans une nouvelle saison parce que je suis sûre qu’elle sera plus fantastique encore que les précédentes avec une équipe de France ultra compétitive et peut-être les dernières courses de Martin Fourcade…

Les nombreux voyages vous sont-ils faciles à appréhender ? Pensiez-vous avoir si froid sur certaines étapes américaines notamment ? Étiez-vous prête à affronter ces difficultés ?

J’ai grandi dans le plus beau village du monde : Collioure, dans le sud de la France, où il fait rarement -32 comme à Canmore vous vous en doutez… Le froid, je n’y ai jamais vraiment été habituée. Mais on s’y fait vite. C’est surtout les paysages époustouflants que je retiens du Canada, plus que les températures. Voyager grâce à mon travail, c’est une chance que je mesure tous les jours, je ne peux vraiment pas m’en plaindre ! On a une équipe de production géniale à la chaîne, qui anticipe parfaitement tous nos déplacements donc pour répondre à la question : très faciles d’appréhender !

Anne-Sophie Bernadi prête à affronter les froids polaires du grand nord.

On va aussi bénéficier d’un renfort de renom sur les championnats du monde

Quel est le dispositif de l’Equipe pour cette saison 2019-2020, notamment pour les Championnats du Monde à Antholz ? Y’aura t’il des nouveautés pendant l’année ?

La base reste la même : Alexis Boeuf En consultant multi-tâches. A la fois consultant, interviewer, réalisateur (je crois qu’il nous promet encore des tours de piste époustouflants!) et Tangi Kerhoas, qui réalise tous les sujets et interviewe les athlètes après les courses. En plateau à Boulogne-Billancourt, Messaoud Benterki animera les avants et les après courses. Mais on vous réserve aussi quelques surprises ! Marie Dorin-Habert rejoint l’équipe pour les principales étapes et Vincent Defrasne sera avec nous au Grand-Bornand et à Antholz. On va aussi bénéficier d’un renfort de renom sur les championnats du monde mais un peu de patience, je ne peux pas tout vous dévoiler tout de suite…

L’engouement croissant pour un sport qui était anonyme est en partie dû à la chaîne l’Equipe. La passion en France du biathlon générée entre autre par un champion comme Martin Fourcade pourra-elle survivre à un arrêt de sa carrière ?

Je le pense très sincèrement. Pour preuve, la victoire de Quentin Fillon-Maillet à Antholz en janvier dernier. 1.2 millions de téléspectateurs ont suivi la course, avec un pic d’audience à 1.34 ! Cette équipe de France, et je parle aussi bien des filles que des garçons, est bourrée de talents mais aussi de fortes personnalités ! Chacun d’entre eux a un vrai univers, des passions, une histoire à raconter, c’est ce que Tangi essaie de montrer dans chaque reportage. La proximité avec les athlètes, c’est aussi ce que les gens viennent chercher en regardant ce sport-là. Les gens s’y attachent et vont continuer à regarder. En attendant, Martin Fourcade va participer à la popularité de son sport cette année encore. Il a beaucoup préparé cette saison, peut-être la dernière pour lui.

La patrouille de France derrière Johannes !

Quelle est la course qui vous a donné le plus de plaisir à commenter ? Quels sont vos athlètes favoris en dehors de nos athlètes français ? Qui voyez vous briller ces prochaines années ?

Difficile de choisir une course en particulier, toute l’étape d’Antholz la saison dernière a été fantastique. C’était complètement fou ! Les Français sont en feu. Ils sont 4 dans les 7 premiers le vendredi sur le sprint et ils nous offrent ensuite une poursuite mémorable. Antonin termine 2ème derrière Johannes, il se retourne et il voit Quentin et Simon se disputer le podium au sprint ! Martin finit 5ème. Je me souviens avoir dit « la patrouille de France derrière Johannes », c’était drôle, on ne tenait plus en place en cabine avec Alexis ! Et évidemment le lendemain, la première victoire de la carrière de Quentin, j’étais au bord des larmes. C’est parfois difficile d’être assez pro pour surmonter nos émotions. Et quand on parle de larmes, je suis obligée d’évoquer l’interview de Célia après le bronze de Justine sur l’individuelle des Mondiaux à Ostersund. Elle pleure au micro de Tangi et je ne fais pas la fière non plus ! Finalement ce que je retiens ce sont des victoires presque collectives dans un sport pourtant individuel. L’esprit d’équipe du clan français et leur solidarité m’a toujours émue. Je suis très fière de commenter leurs exploits. Difficile de parler des étrangers après ça ! J’ai beaucoup d’admiration pour Johannes. On parle beaucoup des athlètes hors normes, Martin et lui en font partie, ils sont sur une autre planète. On ne peut qu’admirer ça. Johannes n’a que 26 ans, je pense qu’il est encore promis à de grandes choses. J’aime beaucoup la fraîcheur de Dorothea Wierer, même si ce n’est sans doute pas exactement pour les mêmes raisons que les téléspectateurs… Elle est toujours souriante et spontanée ! L’an dernier à Oslo quand elle reçoit son gros globe, elle ne sait pas qu’elle est filmée et sort une belle insulte en italien à l’antenne ! Elle est morte de rire et nous aussi ! J’adore. Côté espoir, je pense que la génération suédoise qui arrive va beaucoup gagner ! Elle nous l’a déjà prouvé à Ostersund. Enfin, je suis impatiente de voir l’évolution des athlètes chinois, leur staff a été renforcé, ils préparent leurs futurs JO à domicile, ça attise ma curiosité.

Antonin Guigonnat 2e, Quentin Fillon-Maillet 3e, Simon Desthieux 4e, et Martin Fourcade 5e sur la poursuite d’Antholz derrière Johannes Boe. © IBU

Concernant nos biathlètes françaises, voyez-vous en Franck Badiou la solution leur permettant de jouer devant plus souvent ? Les pensez vous capables de rivaliser cette année avec les biathlètes italiennes qui semblent innarêtables ?

Bien sûr ! On a pu constater ces dernières saisons que ce sont des détails qui manquent aux Françaises mais le potentiel, elles l’ont. C’est un groupe très talentueux. Les cartes ont été rebattues avec la retraite de Marie Dorin-Habert. Anaïs Bescond n’a pas été épargnée par les pépins physiques, Célia venue du ski de fond, a dû s’acclimater, Justine a manqué de régularité, Julia a réussi de gros coups en Coupe du monde la saison dernière avec 4 Top 10 et les filles qui poussent derrière (Chloé, Caroline) ont déjà pu se frotter au circuit. Bref, les armes pour rivaliser, elles les ont toutes. On le voit à l’entraînement. Le jour où elles réussiront à tout assembler, elles seront redoutables.

C’est un des sports les plus exigeants que je connaisse.

Avez-vous eu l’occasion, avec Alexis Boeuf par exemple, de pratiquer le tir et le ski de fond ? Si oui, quelles sensations en avez-vous retiré ?

Ce n’est un secret pour personne, je n’ai pas vraiment un physique de biathlète ! Ceci dit, j’ai déjà fait du ski de fond plus jeune dans les Pyrénées et j’ai pu tester le tir à Hochfilzen. La leçon que j’en tire c’est que c’est un des sports les plus exigeants que je connaisse. Je pense qu’on le montre bien dans les retransmissions. Skier à si haute intensité, s’installer sur un pas de tir pour lâcher des balles en apnée, à 50m de distance dans une cible qui fait la taille du CD… Franchement j’espère que les gens se rendent bien compte parce que c’est hallucinant ! Et puis l’humilité de ce sport… Vous pouvez être tout en haut un jour et au plus mal le lendemain. J’ai une forme de fascination pour ce que les athlètes endurent.

Auriez-vous quelques anecdotes à partager avec nous concernant des biathlètes français ou étrangers, vos collègues, ou des personnes des staffs ?

Avec Alexis et Tangi, sans oublier le ou la chargé(e) de production qui nous accompagne, on voyage ensemble, on travaille ensemble, on vit ensemble pendant 12 week-end dans l’année donc forcément on se crée des souvenirs. Et puis, on décompresse en fin de saison aussi mais j’ai déjà beaucoup parlé non ? Je vais garder quelques trucs pour nous !

Anne-Sophie Bernadi dans la cabine des commentateurs.

Enfin qui voyez-vous soulever les prochains globes de Cristal à la fin de cette saison ?

Dernière course à Oslo, mass start décisive, victoire de Martin Fourcade qui s’offre un 8eme gros globe. Tangi le félicite en zone mixte et il annonce au micro de la Chaîne L’Équipe qu’il rempile jusqu’aux Jeux de Pekin. Voilà tout ce que je vois pour la fin de la saison. Et j’ai vraiment hâte qu’on le vive tous ensemble sur la chaîne L’Equipe !

Merci à Anne-Sophie Bernadi d’avoir bien voulu répondre à nos questions.