À l’occasion des 30 ans de la Fédération Internationale de Biathlon (IBU), Siegfried Mazet revient sur ses années d’entraîneur passées entre la France et la Norvège.
Changer les mentalités
Après une dizaine d’années passées au sein de l’équipe de France, Segfried Mazet s’est donné le défi en 2016 d’entraîner la meilleure équipe du monde : la Norvège. Un challenge de taille puisque s’il prenait les commandes d’un groupe d’athlètes très performants, il fallait changer leur vision du biathlon. Excellents skieurs, les Scandinaves ne mettaient pas assez l’accent sur le pas de tir d’après le Drômois…
“Il m’a fallu beaucoup de temps pour changer l’état d’esprit du groupe. Je sens maintenant, après les trois ou quatre dernières saisons, qu’il existe une sorte de culture du biathlon. Il était important qu’ils voient les choses dans leur ensemble. Il y a de nombreux facteurs différents que vous devez prendre en compte : se dire, “maintenant, mes compétences sont bonnes dans tel et tel domaine, mais dans tel autre, je dois être meilleur”. Cet aspect tactique est indispensable pour aborder chaque compétition. C’est ce qui a été très important dans notre travail avec les gars.”
Un mentor nommé Jean-Paul Giachino
Coach de tir très expérimenté, peut-être le meilleur du monde aujourd’hui, Siegfried Mazet a vu sa façon d’entraîner évoluer au fil des années. Des compétences et une méthode d’entraînement qu’il doit à l’origine à son mentor, et actuel entraîneur du groupe féminin français, Jean-Paul Giachino…
“L’entraîneur que je suis aujourd’hui est différent de celui que j’étais il y a 10 ans. Si Martin ou Simon (Fourcade) voyaient comment je coache Johannes ou Tarjei, ils seraient surpris de voir à quel point je suis différent aujourd’hui. Je dois dire que mon mentor était Jean-Paul Giachino. Quand j’ai commencé avec les Français, lui et Stéphane Bouthiaux étaient très expérimentés. J’ai appris des deux mais surtout de Jean-Paul. il était toujours silencieux mais quand il parlait, c’était toujours les bons mots.”
Des biathlètes cinq étoiles sous ses ordres
Entre la France et la Norvège, Siegfried Mazet a coaché les meilleurs biathlètes de la planète, voire les trois plus grandes légendes de la discipline : Ole Einar Bjoerndalen, Martin Fourcade et Johannes Boe. À la question de savoir quel biathlète le plus talentueux a-t-il eu sous ses ordres, il répond…
“Sturla (Holm Laegreid) est très talentueux. Johannes (Boe) est talentueux, mais d’une manière très différente. Je repense à Martin (Fourcade) qui était très doué au tir debout mais le tir couché était si difficile pour lui. Quentin (Fillon Maillet) n’a rien eu gratuitement, un travailleur talentueux mais qui ne l’était pas naturellement. Quant aux compétences professionnelles, elles reviennent à Sturla, Quentin et Martin. Ils ont tous travaillé dur pour atteindre un super niveau.
En termes de compétences naturelles, pas de doute, c’est à coup sûr Johannes. À un moment donné de sa carrière, Johannes ne s’est pas entraîné avec sa carabine pendant plusieurs mois et s’est excusé auprès de moi de ne pas avoir tiré. Pourtant, sur ce premier jour de stage, on ne pouvait pas dire qu’il n’avait pas tiré. Il était si bon, c’est un talent naturel.”
L’an dernier, Siegfried Mazet a prolongé l’aventure avec la Norvège jusqu’en 2026 et les JO de Milan-Cortina.
Crédit photo : Manzoni/NordicFocus