Coupe du Monde

Oberhof | Émilien Jacquelin : « Une demi-seconde d’inattention »

Émilien Jacquelin était forcément déçu de sa course compromise par une chute. Même s’il assume sa faute, le Français n’a pas apprécié le comportement de Benjamin Weger sur la piste.

Retrouvez la réaction du biathlète tricolore au micro de la Chaine l’Équipe :

À propos de sa chute sur la course :

« Je me suis un peu disputé avec tout le monde. Ce qui s’est passé dans cette descente… j’espère qu’ils vont trouver les ralentis. C’est une descente gelée et dans un virage à 180 degrés, j’essaie de voir où en est Tarjei Boe derrière moi. Mon but après le dernier tir, c’est de continuer à mon allure. Si je devais faire le tour tout seul, ce n’était pas un souci. C’est ce que j’avais prévu, faire ma course au pas de tir sans la pression des autres adversaires. Faire des tirs que je sais faire comme j’ai pu faire sur le relais et le single mixte.« 

« Malheureusement, une petite demi-seconde d’inattention a fait que je tombe. Alors tomber ce n’est pas très grave, je me dis ça arrive, tu continues dans ton schéma. Finalement, quand tu te rends compte que tu as quelque chose qui « ballotte » derrière, dans ton dos, directement tu sais que la cara est cassée. Deuxième coup dur et tout s’enchaine avec les émotions et la frustration. Physiquement, quand on s’arrête comme ça, sur une chute, c’est dur de relancer la machine.« 

« Je repars mais je n’ai plus la vitesse de la descente. Je me retrouve avec le groupe de derrière qui me revient dessus avec plus de vitesse. Sur le coup, Weger vient me serrer, me marcher dessus. J’ai trouvé ça un peu irrespectueux sur le coup car il voit très bien que ma cara est explosée. Tu peux avoir un minimum de compassion pour l’adversaire dans ces moments-là et ce n’était pas le cas.« 

« C’est vrai que parfois je peux être un peu sanguin sur la piste. Je ne pense pas l’être à côté mais sur la piste, il y a des comportements comme ça qui font un peu mal. Derrière, on s’est encore un peu expliqué avec Erik Lesser. Ça fait partie du sport. Si tout était tranquille, sympathique… ce n’est pas ça le sport de haut niveau. Il y a des belles valeurs mais aussi des moments durs. Il faut l’accepter aussi, pour eux, comme pour moi.« 

À propos de son passage au tir après la chute :

« Il y a du dépit car dès que j’ai recommencé à skier, il y avait la carabine qui me gênait car ça ballottait derrière. Mais surtout, je l’ai dit, physiquement c’était très très dur et ça te met un coup au moral. Tu passes de l’excitation de la course au fait d’être dépité d’avoir cassé ta carabine. C’est aussi un truc qui par la suite m’handicapera même si on fera tout pour qu’elle soit opérationnelle pour Antholz. »

« Il faut changer de carabine sur le tir, tu sais que ça va être différent. Je me suis accroché mais je rate la dernière balle. Ça arrive malheureusement mais j’aurais peut-être fait la même erreur avec ma carabine. Mais je suis content d’avoir su garder mon sang froid, en tout cas sur le tir. Après les deux derniers tours, c’était dur car mon harnais (qui permet de tenir la carabine sur le dos) était très serré. C’est une cara qu’on a en commun avec l’équipe donc on n’a pas ses propres réglages. Le harnais était donc très serré et j’avais du mal à respirer. Ajoutez-y la frustration, le dépit et ça devient très compliqué sur les skis et pour jouer sur la fin de course.« 

À propos des regrets au vue du podium du jour :

« Aujourd’hui je courrais pour jouer la gagne. Quand je fais mon deuxième tir couché, je savais ou je voulais aller. Parfois, il y a ces petites choses qui arrivent mais je trouve que c’est à l’image de toute ma saison pour l’instant. J’ai manqué de chance ou bien il y a toujours un petit truc qui fait que ça ne se passe pas comme prévu.« 

« C’est la faute de personne, c’est de ma faute. Une petite demi-seconde d’inattention et c’est une quatorzième place. Après c’est la manière, si j’étais à 20/20 et à 100% sur les skis, je m’en accommoderais mais là ce n’est pas le cas. C’est frustrant mais je vois encore ça comme un apprentissage. Courir avec une cara de réserve, avec toute cette frustration… à chaque jour suffit sa peine !« 

Crédit photo : Kevin Voigt