À 26 ans, Julia Simon rentre dans l’histoire du biathlon en décrochant le gros globe de cristal. La biathlète des Saisies s’est longuement exprimée sur sa course du jour et le long chemin parcouru depuis ses débuts.
Le temps de la décompression viendra plus tard
La biathlète des Saisies après avoir décroché son premier gros globe de cristal, rentre désormais dans une longue série de sollicitations médiatiques. Après une nuit compliquée, Julia Simon commence enfin à réaliser l’exploit qu’elle vient de réaliser.
“Lionel Laurent vient de me donner le programme de la fin de journée. Je lui ai demandé si entre temps j’avais le temps d’aller prendre une douche et de me changer (rires). Ça va être de bons moments passés avec les médias. Je m’étais tellement concentrée sur ce que j’avais à faire, que je n’avais pas pensé à tout ce qui pouvait se passer encore après.”
“Je commence à me rendre compte de ce que j’ai réalisé. Je n’ai pas dormi de la nuit, j’ai très mal dormi parce que je crois que mon cerveau a eu une décompression hier soir (rires). Aujourd’hui c’était vraiment très dur. Au couché j’ai réussi à rester dans ma course, debout il me manquait complètement de l’énergie pour aller accrocher ces balles et en plus c’étaient des conditions difficiles. Il me manquait complètement de l’énergie mentale, des ressources pour me battre face à ces cibles. Mais vraiment très heureuse d’avoir fini cinquième. Je suis en train de me rendre compte via les filles qui me disent “Woah la saison que tu as fait ! Tu n’es pas beaucoup sortie du top 10 !” C’est plus elles et les concurrentes qui me font me rendre compte de cette saison et je suis vraiment très fière.”
L’exemple Marte Olsbu Roeiseland et la régularité
Dès la ligne d’arrivée franchie, Julia Simon s’est empressée d’aller remercier Marte Olsbu Roeiseland, celle qui a été pour elle un exemple dans la construction de sa carrière.
“Quand j’ai passé la ligne d’arrivée j’ai dit à Marte “Merci d’avoir été un exemple”, car c’est vraiment mon exemple de ces dernières années. Une fille qui est capable de se préparer pour des courses. Si elle dit “j’annonce les championnats du monde”, on sait qu’elle sera prête aux Mondiaux, si elle dit “le général”, on sait qu’elle va se battre jusqu’à la dernière course. Ça a été un exemple pour tout, de cette capacité à engager ses tirs, à se calmer et j’ai vraiment pris exemple sur elle. C’est une énorme fierté de rentrer dans cette famille des vainqueures de globes et mettre mon nom à côté des leurs.”
“Ce qui me rend le plus fière, c’est la régularité. Un globe ça se gagne dans les bons comme dans les moins bons moments. Les bons c’est facile, car on a l’impression que tout va bien et on est un peu dans le flow comme on dit chez les sportifs. Mais les moments les plus difficiles c’est là où il faut serrer les cale-pieds et se battre. C’est vraiment cette régularité qui, pour moi, est le plus important et représente bien ma saison.”
L’aboutissement d’un long processus
La Savoyarde n’oublie pas tout le chemin parcouru depuis ses débuts en tant que biathlète. Tout n’a pas toujours été tout rose, mais la persévérance de Julia Simon a fini par payer.
“Je n’ai pas pensé à une personne en particulier hier soir, j’ai surtout retracé un peu le parcours et les séances à l’automne quand on a envie de faire des intensités, on en a marre de faire des heures d’entraînement, il pleut, il neige, ce n’est pas agréable. C’est dans ces moments que j’adore ce que je fais. Dans ces séances-là il faut se pousser, il faut y aller un petit peu car ça vaut vraiment le coup. Je repense aux moments un peu plus difficiles, aux blessures. Moi aussi j’ai eu envie d’arrêter le haut niveau. J’ai envie d’avoir une vie comme les autres, d’aller avec mes potes, sortir. Je pense à cette vie qui est un peu différente. Je ne dirais pas des sacrifices, car pour moi on vit des choses que l’on ne retrouve pas partout, c’est tellement incroyable que pour moi c’est un choix de vie. Je suis très heureuse de l’avoir fait et j’espère que les jeunes vont croire en leurs rêves. Se donner les moyens ça vaut vraiment le coup !”
“J’ai vite tendance à remettre en cause les choses, je suis tout de suite dans l’analyse et parfois à chaud j’en ai marre. Je ne suis pas quelqu’un de très patiente et des fois je me demande comment ma carabine est encore en un seul morceau. Des fois je puise dans mes réserves pour me calmer et pour me résonner. Le biathlon c’est des hauts et des bas et je pense qu’il faut être patient. Je ne suis pas à l’abri de passer à côté de mon hiver prochain, c’est un éternel recommencement. Cette saison ce qui a fait la différence c’était mon tir, mais peut-être que la saison prochaine ça sera plus compliqué. Il faut retravailler à chaque fois, se poser les bonnes questions et se mettre des petits objectifs.”
“Je n’ai pas encore réfléchi où mettre les trophées. À mon avis ça va finir dans la chambre chez les parents, car une fois qu’on est parti du nid familial, la chambre ça devient le débarras. Donc il y a des chances que j’aille les déposer là-bas au moins ils seront bien. Maintenant j’ai envie de profiter. Après deux trois ans de Covid j’ai envie de profiter de la famille et des amis, d’aller les voir.”
Propos recueillis par la Chaîne l’Équipe.
Crédit photo : Manzoni / NordicFocus