Coupe du Monde

Bilan saison – Dorothea Wierer malgré les Norvégiennes

La petite italienne sort vainqueur d’une saison où elle aura été la plus régulière. Longtemps à la lutte avec Tiril Eckhoff, elle est allée chercher un second gros globe consécutif au terme d’un final haletant.

Dorothea Wierer double la mise

Décidemment, Dorothea Wierer aime les fins de saison à suspense. L’année dernière, elle s’était présentée à Oslo pour une lutte à trois avec Lisa Vittozzi et la retraitée Anastasia Kuzmina. Cette saison, le nom des rivales a changé (Tiril Eckhoff et Hanna Oeberg) mais un trio pouvait encore espérer remporter la mise et en terminant juste derrière la Norvégienne lors de la dernière course de la saison, Wierer a validé au forceps un deuxième gros globe.

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Une belle performance que l’Italienne a construite tout au long de la saison. Quatre victoires individuelles (dont deux aux mondiaux), sept podiums et dix-sept tops 10 lui auront permis de jouer placée tout au long de la saison et de remporter également le petit globe de la mass start. Malgré un léger trou d’air juste avant et après les mondiaux, elle a su serrer les dents et résister au retour de ses deux rivales les plus dangereuses en fin de saison.

Tiril Eckhoff désabusée, Hanna Oeberg prend date

Qui aurait pu penser que Tiril Eckhoff allait passer à côté du gros globe fin janvier aux termes de l’étape de Ruhpolding ? Elle venait d’achever, en Allemagne, un magnifique parcours, débuté en décembre à Hochfilzen, avec six victoires individuelles en neuf courses et une impression de domination totale sur la concurrence et un tir retrouvé grâce, notamment, à son nouvel entraîneur (l’ancien de Dorothea Wierer). Malheureusement pour la Norvégienne, un forfait sur la mass start de Pokljuka et des mondiaux ratés à titre individuel ne lui on pas permis de remporter le général… pour sept points ! Le petit globe de la poursuite reste une maigre consolation.

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Toujours en course pour remporter le gros globe avant le dernier périple finlandais de Kontiolahti, Hanna Oeberg n’a pas eu l’énergie nécessaire pour rafler la mise. Malgré cela, la Suédoise peut être confiante pour l’avenir. Onze tops 5, un petit globe de l’individuel et une régularité depuis deux saisons qui pourraient rapidement l’amener au sommet de la hiérarchie mondiale. Des regrets ? un dernier week-end manqué en Finlande qui l’éjecte du podium du général final et trois quatrièmes places aux mondiaux frustrantes (malgré une médaille de bronze au final sur la mass start).

La balade de Marte Olsbu Roeiseland aux mondiaux d’Antholz

La saison 2019/2020 aura également été marquée par les mondiaux italiens. Tiril Eckhoff y aura donc perdu ses illusions, Dorothea Wierer repartira avec deux titres et de nombreux points pour le général mais celle qui ressortira comme la « grande dame » de la parenthèse italienne, c’est bien Marte Olsbu Roeiseland.

Cinq titres et deux médailles de bronze en sept courses, nouveau record à ce niveau. La Norvégienne aura littéralement plané sur ces mondiaux. Le sommet d’une saison irrégulière pour la quintuple Championne du Monde 2020 qui, malgré une cinquième place finale au général, n’aura jamais réellement joué le gros globe avec une impasse à Annecy et une absence pour maladie lors des deux dernières étapes de la saison à Nove Mesto et Kontiolahti.

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Des surprises et des déceptions

Chaque saison connaît son lot de bonnes et de mauvaises surprises. Malgré un marasme annoncé au vu des premiers résultats pour la sélection allemande, Denise Herrmann (trois victoires et le petit globe du sprint) et Franziska Preuss (onze tops 10) ont terminé en trombe pour finir troisième et sixième du général. À noter également le très beau début de saison d’Ingrid Tandrevold qui lui aura permis de porter le dossard jaune fin décembre sur la mass start d’Annecy. La deuxième partie de saison sera plus compliquée pour la Norvégienne (7ème place du général final).

Saison compliquée justement, c’est un terme que Lisa Vittozzi pourra utiliser à l’heure de faire le bilan. Deuxième du général l’année dernière, l’Italienne est passée à côté de son hiver. Un regain de forme sur la fin lui permettra quand même de finir dans le top 10 du général (dixième). Autre biathlète dans le dur, Kaisa Mäkäräinen. Moins attendue, la Finlandaise n’aura que trop rarement joué les premier rôles cette saison malgré sa victoire sur la mass start d’Oberhof. Quatrième de la dernière poursuite à domicile, elle annoncera dans la foulée sa retraite sportive dans une discipline où elle pourra se targuer d’un impressionnant palmarès avec trois gros globes, 27 victoires en Coupe du Monde et six médailles mondiales (un titre).

Une saison en dent de scie pour les Bleues

Le pire et le meilleur. Voici comment résumer la saison des Françaises. Le pire, c’est le zéro pointé des tricolores (à l’exception de la médaille de bronze en relais mixte d’Anaïs Bescond) lors des mondiaux d’Antholz avec en point d’orgue la faillite collective du relais (14ème). Le meilleur, ce sont les trois podiums de ce même relais en Coupe du Monde, ainsi que huit podiums individuels dont deux victoires pour Julia Simon, Justine Braisaz et Anaïs Bescond.

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Si l’on compte également les huitièmes et neuvièmes places au classement général final pour Julia Simon et Justine Braisaz, le bilan reste honorable pour les filles de l’équipe de France. Mais trop souvent pénalisées par un manque de régularité derrière la carabine, les Bleues ont souvent dû leur salut à de bonnes performances sur les skis. Insuffisant pour viser les sommets sur une saison entière mais la victoire (avec la manière) de Julia Simon sur la dernière poursuite est un bon motif d’espoir pour les années à venir…

La performance de la saison : le grand chelem des Norvégiennes

Tiril Eckhoff, Marte Olsbu Roieseland et Ingrid Tandrevold ont déjà eu les honneurs de ce bilan mais il faut ajouter également Karoline Knotten, Ida Lien et Synnoeve Solemdal. Ces six dames ont, à tour de rôle, fait partie du relais Norvégien qui aura remporté les six relais de la saison. Un grand chelem historique (à égalité avec l’Allemagne de Laura Dahlmaier) ponctué par le titre mondial à Antholz et bien sûr le petit globe de la spécialité. L’équipe féminine « Norske » aura été sans partage cette saison dans cette discipline.

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La déclaration de la saison :

Nous ne sommes pas amies, nous sommes coéquipières et rivales.

Lisa Vittozzi à propos de sa compatriote Dorothea Wierer juste avant leurs Mondiaux à domicile.
Et à part ça ? Une fin de saison bien triste.

Forcément, il y a eu les images habituelles de célébrations des quelques biathlètes vainqueurs des différents globes. La saison aura été remplie de suspense et les Mondiaux italiens ont été plein de rebondissements et d’exploits en tout genre. Mais la fin de saison s’est terminée très, trop précipitamment. Covid-19 oblige, des mesures drastiques ont été prises par les autorités pour la santé des athlètes et du public. Les conséquences ? Une dernière étape d’Oslo annulée, un week-end à Kontiolahti tronqué et des stades à huis clos en Finlande et en République Tchèque. C’est donc dans une ambiance lunaire que s’est achevée cette édition 2019/2020. Les conséquences sportives et économiques pourront toujours être mises en avant par certains mais au vu de la situation actuelle, le biathlon, et toutes les valeurs qu’il véhicule, ne font pas le poids face à une crise sanitaire d’ampleur mondiale. Une fin de saison vraiment spéciale…

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Et maintenant ?

En vacances les champions ! Avec l’annulation des courses nationales de fin de saison, les biathlètes ont pris des vacances bien méritées. Si la situation le permet, les entrainements reprendront début mai. Le début de la prochaine saison est programmé à Kontiolahti le 27 novembre prochain avec un programme finlandais encore mystérieux et qui fait polémique chez certains biathlètes dénonçant le rajout d’une quatrième étape avant la trêve, ce qui surchargerait le calendrier. Affaire à suivre…

Crédit photo : IBU