Le catalan a retrouvé de sa superbe pour son ultime saison en Coupe du Monde. Revenu à son meilleur niveau après un dernier hiver compliqué, il en a profité pour compléter son incroyable palmarès avant de faire ses adieux en Finlande.
Une sortie par la grande porte
Comment avait-il digéré sa dernière saison qu’il avait quasiment traversé comme un fantôme ? Loin de ses standards, Martin Fourcade clôturait prématurément son exercice 2018/2019 dans la brume des mondiaux d’Ostersund où il n’aura jamais pu jouer les premiers rôles. Après une énième préparation estivale plutôt rassurante, le catalan reprenait la compétition officielle fin novembre à… Ostersund !
Cinquième du sprint malgré deux fautes, il remportera dans la foulée l’individuel pour s’emparer du dossard jaune. Rassuré, le quintuple champion olympique allait quand même connaître une fin d’année plus difficile avec aucun podium individuel à Hochfilzen et devant son public au Grand Bornand. La conséquence ? Il voit Johannes Boe prendre ses distances au général et semble perdre confiance face à son rival norvégien.
Mais le tenant du titre du gros globe allait faire l’impasse sur les deux étapes allemandes de janvier pour assister à la naissance de son fils et Martin Fourcade n’allait pas laisser passer l’occasion. Transcendé, le septuple vainqueur du général s’imposera sur les quatre courses individuelles allemandes pour reprendre le dossard jaune avec lequel il se présentera aux mondiaux d’Antholz.
De ces Championnats du Monde, le catalan en tirera deux nouveaux titres mondiaux. Un en individuel pour égaler le record de couronnes mondiales en solo de Ole Einar Bjørndalen (11) et un autre avec les copains du relais hommes qui fuyait les Bleus depuis 2001, l’un des rares titres que “Le Patron” n’avait pas encore inscrit à son incroyable palmarès. Cet accomplissement en relais lui fera même lâcher quelques larmes en zone mixte devant les caméras.
Soulagé, Martin Fourcade abordera la fin de saison plus relâché. Après une belle dernière semaine à Kontiolahti il devra laisser le gros globe à Johannes Boe, pour seulement deux points, malgré une ultime victoire sur la poursuite finlandaise. La veille au soir, il avait provoqué un tremblement de terre sur la planète biathlon en annonçant sur ses réseaux sociaux la fin de sa carrière après ce dernier rendez-vous.
Il partagera son dernier podium avec ses compatriotes de l’équipe de France et malgré le huis-clos finlandais, tous ses rivaux et amis viendront le saluer dans l’aire d’arrivée avant de l’ovationner lors des différentes cérémonies protocolaires dont celle pour le récompenser des petits globes du sprint et de l’individuel.
Martin Fourcade part donc à la retraite la besace bien pleine, quatre-vingt-trois victoires individuelles en Coupe du Monde, cent-cinquante podiums, cinq titres olympiques (et deux médailles d’argent), treize titres mondiaux pour vingt-huit breloques et bien sûr sept gros globes de cristal accompagnés de vingt-six petits globes. Bref, un palmarès exceptionnel pour un athlète hors norme qui va manquer à ses coéquipiers mais aussi à l’ensemble du biathlon mondial.
Martin en chiffres
Sa course de l’année.
Difficile de faire un choix. Deux titres mondiaux dont celui en relais qui lui a procuré de nombreuses émotions. Pourtant, le choix s’est finalement porté sur sa médaille d’or obtenue sur l’individuel du fait de sa symbolique. D’abord ce titre lui permet d’égaler le record de titre individuel mondial de la légende Ole Einar Bjørndalen avec onze titres. De plus, cette énième couronne a été conquise sur une épreuve que le catalan n’appréciait pas à l’origine et qu’il a appris à apprivoiser, lui, l’un des tireurs le plus précis du circuit.
Avec un 19/20, il n’a quasiment laissé aucune chance à ses adversaires, même si sa faute sur le dernier tir debout le fera enrager en passant la ligne d’arrivée avec ce fameux coup de bâton d’énervement qu’il avait également effectué sur la mass start des JO de Pyeongchang. Mais comme en Corée du Sud, Martin Fourcade allait vite retrouver le sourire en voyant Johannes Boe commettre une nouvelle faute. Le titre acquis, le quintuple Champion Olympique pouvait de nouveau monter sur la plus haute marche du podium pour gratifier les spectateurs de son traditionnel “jump”. Un onzième titre donc et un pas de plus dans la légende de son sport.
Une retraite sportive mais des projets en perspective.
“Ma volonté de donner le meilleur de moi-même et de gravir des montagnes est toujours présente mais la suite de ma construction en tant qu’homme, en tant que père, doit désormais passer par d’autres voies, d’autres supports d’expression. ” Avec ces mots extraits du long message annonçant sa fin de carrière sur sa page Facebook, Martin Fourcade explique bien que le biathlon est toujours dans son cœur mais que ses projets familiaux et personnels ont pris le pas sur sa carrière sportive.
Mais des engagements déjà pris par le catalan vont bien l’occuper ces prochains mois, voir ces prochaines années. Déjà membre de la commission des athlètes de l’IBU et président de celle du Comité d’Organisation des Jeux Olympiques (COJO) de Paris 2024, il est également candidat pour rentrer dans la commission des athlètes du Comité International Olympique (CIO) et, sauf surprise, devrait être prochainement élu pour succéder à son modèle d’enfance et ami, Tony Estanguet.
À la tête également du Martin Fourcade Nordic Festival (MFNF) dont la deuxième édition se déroulera en août prochain sur les bords du lac d’Annecy, il aura plus de temps pour aider à l’organisation de cette exhibition même s’il a souligné récemment qu’il n’y participerait pas en tant qu’athlète. Un planning déjà bien chargé pour l’un des plus grands biathlètes de l’histoire, sans oublier son titre honorifique mais ô combien prestigieux du sportif français le plus titré aux Jeux Olympiques. Martin Fourcade risque de beaucoup manquer au monde du biathlon (athlètes, techniciens, spectateurs…) lors du départ de la nouvelle saison de Coupe du Monde en novembre prochain à Kontiolahti mais avant de penser à cela, il est temps de dire : bon vent l’artiste !
Crédit photo : IBU