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Denise Herrmann : « Je veux encore m’améliorer »

Nouvelle interview exclusive sur Biathlon Live ! Championne du monde de la poursuite, Denise Herrmann endosse désormais le rôle de leader de l’équipe allemande depuis l’arrêt de Laura Dahlmeier. L’ancienne fondeuse, parmi les favorites pour le gros globe cet hiver, a bien voulu répondre à nos questions !

Tout d’abord, parlez-nous de votre préparation. Nous sommes à moins d’un mois du début de la Coupe du Monde. Quelles sont vos sensations? Êtes vous satisfaite des derniers mois écoulés ?

Ma préparation pour la nouvelle saison se déroule comme prévu jusqu’à présent. J’ai pu tout faire comme je l’avais envisagé avec mes coachs. J’ai essayé de tirer le meilleur parti de chaque jour, à la fois pour le tir et sur la piste.

Cette préparation s’étale sur plus de 6 mois et vous ne pouvez réellement vous entraîner sur la neige que quelques semaines auparavant (à part le tunnel frigo). Est-ce compliqué à gérer mentalement ? Êtes-vous impatiente de rentrer en période de compétitions ?

J’ai hâte de démarrer la prochaine saison et de m’entrainer enfin sur la neige ! Le sportif d’hiver se façonne en été, c’est pourquoi il doit faire de nombreux kilomètres à ski-roues et à pied. C’est pour ça que c’est encore plus agréable quand on peut rechausser les skis à nouveau. C’est une motivation pour moi, et non un problème mental.

Cet été, l’allemande a remporté deux des trois titres nationaux individuels mis en jeu. © IBU

À 27 ans, c’était le bon moment pour moi de changer.

Parlons un peu de votre carrière maintenant. Vous décidez de vous tourner vers le biathlon en 2016 après 6 années de ski de fond. Quelles ont été les raisons de ce changement?

Avec ma très belle année 2014 réussie, une médaille de bronze sur le relais des JO de Sochi et ma deuxième place au général de la Coupe du Monde de sprint, j’ai pu réaliser beaucoup de mes rêves en ski de fond. La saison suivante n’a pas été facile pour moi mentalement, car les résultats que j’espérais ne se sont pas concrétisés. En même temps, j’ai fait une séance de tir et j’ai découvert que cela avait déclenché en moi une nouvelle motivation. À 27 ans, c’était le bon moment pour moi de changer et de suivre ce chemin qui constituait une nouvelle source de motivation et un nouveau défi.

Vous avez obtenu votre premier succès dès votre première course (sprint de Beitostolen en IBU Cup). Puis vos premiers succès en Coupe du Monde sont arrivés un an plus tard. Était-ce une surprise pour vous d’être performante aussi tôt ?

Ma première année en biathlon a été une année d’apprentissage, mais j’ai vite réalisé que je pouvais compenser ma lenteur de tir par ma vitesse sur les skis. J’ai pris le temps de progresser pas à pas. Le fait que je gagne deux courses dès le début de la Coupe du monde à Ostersund la saison suivante était bien sûr vraiment cool. C’était une récompense, et en même temps la confirmation que le changement de discipline était la bonne décision pour moi.

Premier podium et première victoire en Coupe du Monde pour Denise Herrmann sur le sprint d’Ostersund en décembre 2017. © IBU

Laura avait ses raisons personnelles d’arrêter la compétition.

La retraite de Laura Dahlmeier fait de vous l’unique leader de l’équipe allemande. Est-ce un élément de pression pour vous ou au contraire quelque chose de motivant ?

J’aime vraiment ce que je fais. Ma motivation est de donner le meilleur de moi-même chaque jour et de m’améliorer constamment. On a une équipe très forte et nous nous mettons au défi à chaque entrainement, comme nous nous soutenons chaque jour aussi. Chacune de nous peut faire des résultats et ça va nous aider à atteindre nos objectifs cet hiver.

Cette retraite arrive à un âge très jeune et rappelle celle de Magdalena Neuner qui avait besoin de décrocher physiquement et psychologiquement! Comprenez vous ces décisions ? Y avez vous déjà songé ?

Cette décision appartient seulement à l’athlète. Laura avait ses raisons personnelles d’arrêter la compétition. Elle a tout gagné dans le biathlon. Personnellement, je n’ai pas encore eu cette réflexion, j’ai encore beaucoup d’objectifs que j’aimerais atteindre dans les prochaines années.

Laura Dahlmeier et Denise Herrmann. © IBU

Abattre les cibles est plus important que de tirer vite et aller tourner sur l’anneau de pénalité.

Revenons sur les pistes ! Vous terminez régulièrement dans les meilleurs temps de ski sur les différents formats de compétition mais votre pourcentage de réussite au tir autour de 80% est en dessous de vos principales concurrentes. Est-ce un domaine sur lequel vous travaillez davantage en pré-saison ?

Je travaille toute l‘année dans tous les domaines pour devenir meilleure. Cela inclut le tir, bien sûr. Je fais beaucoup de séances d’entraînement supplémentaires pour m’améliorer. Ok, chaque seconde sur le pas de tir est précieuse, mais abattre les cibles est plus important que de tirer vite et aller tourner sur l’anneau de pénalité.

Le temps fort de cette nouvelle saison se déroulera à Antholz avec les Championnats du Monde et un titre sur la poursuite à défendre. Est-ce le principal objectif de votre saison ?

Les Championnats du Monde à Antholz sont très spéciaux pour moi. J’aime beaucoup y courir, la piste est difficile et je m’adapte bien à la haute altitude. J’ai hâte d’y être, mais je me concentre d’abord sur mon début de saison en Coupe de Monde.

Denise Herrmann défendra à sa couronne mondiale de la poursuite en février prochain à Antholz. © IBU

Vous terminez la saison précédente à la huitième place du classement général de la coupe du Monde. La hiérarchie chez les femmes est assez changeante chaque année, cela vous donne t’il envie de jouer le podium final voir même la première place du général dès cette année ?

Non, je n’y pense pas du tout en ce moment. Comme je l’ai déjà dit, je veux encore m’améliorer, faire la meilleure saison possible et on verra ce que ça vaut finalement.

Vous avez gagné en Coupe du Monde et en Championnat du Monde mais vous n’avez jamais obtenu de médailles olympiques en biathlon (médaillée de bronze en ski de fond). Pensez-vous déjà à Pékin 2022 avec cet objectif en tête ?

Oui c’est mon objectif à long terme d’être au départ des JO, mais pour l’heure je me concentre exclusivement sur le moment présent, ici et maintenant. Et je suis impatiente d’y être.

Denise Herrmann en chiffres :

Interview originale :

ITW-Originale-Denise-Herrmann

Merci à Denise Herrmann d’avoir bien voulu répondre à nos questions ! Traduction par Julien Klein.

Crédit Photo : IBU